Si la question du handicap occupe une place importante au sein de l’entreprise, du chemin reste encore à parcourir en matière d'inclusion des salariés handicapés. Tel est le principal message fourni par une enquête rendue publique le 29 mars, intitulée « Emploi et handicap : quelles sont les connaissances et attentes des salariés à l’égard de leur employeur ? ». Réalisée par Ifop pour l’Agefiph auprès d’un millier de salariés du public et du privé[1], l’enquête offre un aperçu sur la perception du handicap ainsi que sur la connaissance de la fonction de référent handicap.
- Handicap : une thématique importante mais largement stéréotypée
Les résultats de l’enquête révèlent l’existence d’un contexte assez propice pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. Si, en effet, les salariés français semblent majoritairement préoccupés par l’amélioration du bien-être au travail (74%) et la lutte contre le sexisme en entreprise (51%), une grande proportion d’entre eux (39%) juge l’emploi des personnes en situation de handicap prioritaire (53% le juge également important, sans être prioritaire pour autant).
Toutefois, l’image qui accompagne la question du handicap au sein de l’entreprise reste assez floue et assez limitée car associée à des altérations physiques et sensorielles visibles. Sont ainsi majoritairement cités comme donnant lieu à la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé les troubles de la vue (à 84%), suivis par les troubles auditifs (à 82%) et les troubles de la motricité (67%). Au contraire, les sondés font peu référence à la dépression, l’asthme, le diabète qui donnent pourtant accès à la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
- Référent handicap : une fonction encore difficilement identifiable
Un des principaux enseignements de l’enquête consiste à la faible connaissance des missions des référents handicap.
Pour rappel :
Sous l'impulsion de la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, l’article L5213-6-1 du Code du travail prévoit la désignation d'un référent handicap au sein de toute entreprise employant au moins 250 salariés, qui est chargé d'orienter, d'informer et d'accompagner les personnes en situation de handicap.
En effet, si les salariés connaissent globalement les obligations des entreprises en lien avec le handicap, la nomination obligatoire d’un référent n’est connue que par 52% des sondés. Un faible taux d’entre eux (27%) peut précisément dire en quoi consiste le rôle du référent handicap et 67% ne savent pas qui est la personne l’occupant au sein de leur organisation. Fait encore plus intéressant, le médecin du travail ou le service de santé au travail, le manager, l'élu/représentant du personnel restent les interlocuteurs privilégiés vers lesquels les sondés se tourneraient ou redirigeraient leurs collègues handicapés en cas de difficulté (à 27 %, 21 % et 15% respectivement). Au contraire, seuls 13 % auraient tendance à s’adresser spontanément au référent handicap.
- Une nécessaire amélioration du dialogue au sein des entreprises
Pour les enquêteurs, la persistance des idées préconçues en lien avec le handicap, ainsi que la faible connaissance du dispositif des référents, témoignent la nécessité d’accompagner les entreprises dans la lutte contre certains stéréotypes et dans une meilleure visibilité du référent handicap, « une fonction qu’il semble en effet nécessaire de professionnaliser au bénéfice de l’emploi des personnes en situation de handicap et pour engager plus concrètement l’entreprise sur le sujet ».
Vous trouverez, ci-après, l’intégralité des résultats de l’enquête de l'Ifop x Agefiph « Emploi et handicap : quelles sont les connaissances et attentes des salariés à l’égard de leur employeur ? », Mars 2021.
[1] L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1004 personnes représentatif des salariés occupés en France. La représentativité a été assurée par la méthode des quotas (âge, profession de la personne interrogée, secteur d’activité et taille d’entreprise) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne entre le 19 et le 26 février 2021.