Le taux d’emploi des seniors s’améliore en France mais la marge de progression à accomplir est encore forte

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- Auteur(e) : Hakim El Fattah

Bien qu’il s’améliore depuis le début des années 2000, le taux d’emploi[1] des seniors est particulièrement faible en France se situant autour de 41,5% en 2011 pour la tranche d’âge 55-64 ans (47,4 % dans l’U.E. à 27).

Cette situation n’est nullement le fruit du hasard mais bel et bien le résultat des politiques de préretraite et de l’abaissement de l’âge de la retraite. Pour preuve, dans les années 1970, l’Insee rappelle que la France avait un taux d’emploi des 55-64 ans supérieur à 50%. Ce taux était plus élevé que celui des pays d’Europe continentale et de la moyenne européenne.

Donc, clairement le « décrochage » de la France par rapport à la question de l’emploi des seniors constaté à partir des années 1980 est lié au compromis social ayant consisté à précipiter les salariés seniors en dehors de l’entreprise pour, pensait-on, « permettre aux quadras d’avoir une promotion et aux jeunes de trouver des emplois » [2].

Cela s’est traduit par le fait qu’en 2000, il n’y avait plus qu’un homme sur dix de 60-64 ans en activité. Entre 55 et 59 ans, la proportion d’hommes actifs a chuté de plus de 15 points entre 1980 et 1985, passant de 79 % à 64 %, en lien avec la montée en charge, sur cette période, des préretraites destinées aux salariés de cette tranche d’âge, souligne l’Insee.      

A l’inverse, deux leviers jouent un rôle majeur sur le maintien dans l’emploi des seniors, à savoir le relèvement de l’âge de la retraite et l’augmentation de la durée de cotisations. En effet, depuis le début des années 2000, sous l’effet des réformes des retraites de 1993, 2003 et 2010, une inversion de tendance s’est opérée, observe l’Insee : alors que l’activité des personnes de 60 à 64 ans diminuait régulièrement depuis 1975, elle est repartie à la hausse depuis le début des années 2000.

En outre, le taux de retour à l’emploi des seniors s’améliore. Il était pour les « chômeurs » de 50-54 ans de 23 % sur la période 2004-2008 ; il s’établit à 27 % sur la période 2009-2011, se rapprochant ainsi de celui des « chômeurs » de 45-49 ans. L’Insee note, cependant, que les seniors retrouvent plus souvent des emplois à temps partiel : 56 % des personnes de 55 à 59 ans qui ont retrouvé un emploi en tant que salariés sont à temps partiel, contre 34 % entre 30 et 34 ans.       

Enfin, l’Insee indique qu’entre 2008 et 2011, les 55-64 ans n’ont pas été épargnés par la hausse du chômage : les taux de chômage des 55-64 ans et des 15-64 ans ont augmenté de 1,9 point chacun. La hausse a été de 2,2 points pour les 55-59 ans, et de 0,9 point pour les 60-64 ans. En 2011, 36 % des 55-59 ans n'ont pas d'emploi et parmi eux un sur six déclare souhaiter travailler. Ces derniers sont principalement d'anciens ouvriers ou employés et ils ont le plus souvent perdu leur emploi suite à un licenciement. Mais, contrairement à ce qui avait été observé dans le passé, « la crise économique et financière amorcée à l’automne 2007 ne s'est pas traduite par une inflexion forte de l'emploi des seniors »[3], signe peut-être que les salariés seniors ne sont plus perçus comme la principale variable d’ajustement des effectifs en période difficile sur les plan économique et financier.  

 



 

 

[1] Le taux d'emploi d'une classe d'individus est calculé en rapportant le nombre d'individus de la classe ayant un emploi au nombre total d'individus dans la classe. Il peut être calculé sur l'ensemble de la population d'un pays, mais on se limite le plus souvent à la population en âge de travailler (généralement définie, en comparaison internationale, comme les personnes âgées de 15 à 64 ans), ou à une sous-catégorie de la population en âge de travailler (femmes de 25 à 29 ans par exemple). Source : INSEE

 

 

 

[2] D’Autume A., Betbèze J-P., Hairault O., « Les seniors et l’emploi en France », Conseil d’Analyse Économique, 2005, p.9 

 

 

 

[3] Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale, septembre 2011, fiche éclairage « retraite », p.158