Etude INRS : Les seniors ont moins fréquemment des accidents de travail, mais leurs difficultés de récupération sont plus importantes

Conditions du travail

- Auteur(e) : Francis Meyer

Si les salariés seniors ont moins d'accidents du travail que les travailleurs plus jeunes, les conséquences sont plus lourdes. C'est l'un des enseignements d'un article de la revue « Hygiène et sécurité au travail » n° 229 de décembre 2012 de l'INRS sur les accidents du travail survenant chez les seniors, indique l'Institut dans un communiqué du 17 janvier 2013. L'article de Claire Tissot et Jean-Claude Bastide propose un état des lieux quantitatif et qualitatif des accidents du travail chez les travailleurs vieillissants en France. Et analyse les statistiques 2010 de la Cnamts (1) et des « récits d'accidents » extraits de la base de données Epicea (2). Il met également en lumière cette catégorie « particulière » de salariés qui connaissent un « déclin de [leurs] capacités fonctionnelles (baisses de capacités musculaires, cardio-respiratoires, proprioceptives, sensorielles, mentales…) ». Et qui, dans le même, « forts de leurs expérience, mettent en oeuvre différentes stratégies d'anticipation, d'évitement ou d'utilisation du collectif pour limiter les risques d'accidents ».

 

Les statistiques 2010 de la Cnam, reprises dans l'article de la revue de l'INRS, indiquent que « la fréquence d'accidents diminue avec l'âge ». En effet, 16 % des accidents du travail en France concernent des personnes de plus de 50 ans, qui représentent 23 % des salariés. Par opposition, 34 % des accidents touchent des travailleurs de moins de 30 ans alors qu'ils constituent, eux aussi, environ 23 % des salariés.

 

La gravité des accidents augmentent avec l'âge

En revanche, ces données montrent une augmentation de la gravité avec l'âge : 32 % des incapacités permanentes concernent des salariés de plus de 50 ans pour seulement 14 % chez les moins de 30 ans. De la même façon, 41 % des décès concernent les seniors, contre 12 % chez les moins de 30 ans. « La fréquence des accidents avec arrêt décroît avec l'âge. Elle est quatre fois plus faible chez les plus de 60 ans que chez les moins de 20 ans. En revanche, la durée moyenne des arrêts est plus de trois fois plus longue chez les seniors de plus de 60 ans que chez les juniors de moins de 20 ans », écrivent Claire Tissot et Jean-Claude Bastide. Les données montrent également que les chutes de hauteur, les accidents de plain-pied et les malaises sont caractéristiques des seniors. Et ce, quel que soit le secteur d'activité.

 

Les données qualitatives issues de la base de données Epicea illustrent quant à elles les difficultés de récupération après l'accident chez le travailleur vieillissant, voire le décès du salarié à la suite de complications. Ce qui montre que « l'expérience professionnelle n'est pas suffisante pour protéger les travailleurs vieillissants », pointe l'INRS, qui souligne que « les formations, l'accueil au poste de travail et la sensibilisation aux risques sont des mesures essentielles qui concernent aussi bien les seniors que les jeunes travailleurs, notamment au moment d'une nouvelle affectation ». « S'il est difficile de montrer en quoi l'âge intervient en tant que facteur dans la survenue d'un accident, les données montrent qu'il peut jouer un rôle dans le cas des chutes et des pertes d'équilibre et des interactions avec un véhicule. L'âge peut également contribuer à rendre la gestion du stress plus difficile, s'ajouter à un état général de fatigue ou aggraver une pathologie sous-jacente (l'athérosclérose responsable d'infarctus, par exemple) », ajoute l'INRS.

 

 

(1) Les statistiques de la Cnamts sont éditées à partir des déclarations d'accents du travail rédigées par les entreprises.

(2) La base de données Epicea est renseignée à partir des enquêtes réalisées par les Cram, Carsat et CGSS à la suite d'accidents du travail mortels ou d'accidents jugés pertinents pour la prévention des risques professionnels. Non exhaustive, Epicea permet une approche qualitative et exploratoire des accidents.

 

L'article de l'INRS est consultable ici