Dans la perspective d'étudier si les représentations qu'ont les employeurs des seniors et la manière dont ils les gèrent se sont modifiées au cours des années 2000, la Dares a conduit, en 2008, une enquête* sur la gestion des salariés de 50 ans ou plus.
L'opinion des employeurs sur les seniors est mesurée à partir d'un ensemble de questions sur les cinq thèmes suivants :
- les atouts et limites des seniors en termes d’expérience et savoir-faire, conscience professionnelle, motivation, mobilité, capacité d’adaptation au changement, disponibilité horaire, dynamisme, santé, capacité d’adaptation aux nouvelles technologies, formation initiale, coût salarial, gestion du personnel à long terme,
- le rôle possible des départs précoces (avant 60 ans) dans la gestion du vieillissement en termes de rééquilibrage de la pyramide des âges, turnover et recrutement de jeunes, réponse aux problèmes de pénibilité, réponse aux problèmes éventuels de démotivation des seniors ou aux attentes des salariés vieillissants,
- les effets attendus (positifs, négatifs ou neutres) de l’augmentation de la part des 50 ans et plus dans l’établissement, en termes de productivité du travail, expérience du personnel, mémoire d’entreprise et transmission des savoir-faire, complémentarité des équipes, organisation du travail, coûts salariaux, perspectives de carrière pour les plus jeunes.
- l’impact de la politique de maintien dans l’emploi des seniors sur l’image de marque d’une l’entreprise,
- l’âge à partir duquel l’employeur considère un salarié comme « âgé ».
Il en résulte qu'en 2008, les employeurs du secteur marchand sont plus des trois-quarts à estimer l'expérience, le savoir-faire et la conscience professionnelle comme étant des atouts pour les seniors de 50 ans et plus par rapport aux autres salariés.
Signe d'une évolution positive des mentalités quant à la question des salariés seniors, l'enquête fait apparaitre que peu d'employeurs expriment des craintes quant à la part des seniors dans leur établissement : un quart des employeurs d’au moins dix salariés anticipent une hausse de la proportion des salariés de 50 ans et plus dans leur établissement dans les cinq ans à venir. 70 % d’entre eux estiment que cette augmentation aurait des effets positifs en termes d’expérience du personnel, de mémoire d’entreprise, de transmission des savoirfaire ou de complémentarité des équipes. Lorsque des craintes s’expriment, elles portent principalement sur les coûts salariaux (39 % des employeurs), et dans une moindre mesure sur la productivité du travail (15 %) et les perspectives de carrière pour les plus jeunes (14 %).
Cette opinion positive des employeur sur les salariés seniors s'exprime également à propos des départs précoces qui sont pour 54% des employeurs un moyen de répondre à une attente des salariés âgés.
Les opinions exprimées quant à la question de l'âge à partir duquel l'employeur considère un salarié comme "âgé" connaissent également une évolution. En effet, en 2001, 66% des employeurs considéraient qu'on était "âgé" avant 55 ans, contre 44% en 2008, et 91% considéraient qu'on était "âgé" avant 60 ans, contre 86% en 2008. La Dares indique que 58 ans et demi est l'âge moyen à partir duquel les employeurs considèrent les salariés de leur établissement comme "âgés" en 2008.
Enfin, l'enquête souligne que les craintes relatives au vieillissement sont variables selon la taille, le mode de gestion, la structure de la main d'oeuvre et l'activité de l'établissement.
* Cette enquête fait suite à une autre enquête réalisée en 2001 sur une thèmatique analogue : l'emploi des salariés âgés selon l'âge. Cette dernière montrait que les employeurs s'étaient encore peu saisis de la problématique du vieillissement : seuls 20% des établissements de plus de 10 salariés du secteur privé déclaraient gérer la pyramide des âges de façon anticipée et seulement 13% estimaient que la question du vieillissement avait fait l'objet d'une réflexion globale au niveau de l'établissement (voir dument joint).