Travailleurs âgés, nouvelles technologies et changements organisationnels : un réexamen à partir de l'enquête « Reponse »

Conditions du travail

- Auteur(e) : David Grandadam

 

INSEE Economie et Statistique n°397, février 2007

Sévane Ananian et Patrick Aubert (un commentaire de Luc Behaghel)

 

 

L’adoption par les entreprises d’innovations technologiques (micro-ordinateur, internet), de changements organisationnels ou leur ouverture au marché international posent la question de l’adaptation des travailleurs âgés (seniors) : les entreprises concernées évincent-elles plus souvent ou non les seniors de leur main-d’oeuvre ? L’analyse du stock d’emploi en 1998 confirme l’hypothèse d’un biais de ces changements défavorable aux seniors. Dans l’industrie comme dans le tertiaire, les établissements plus informatisés ou aux pratiques organisationnelles innovantes emploient relativement moins de seniors. Cela se vérifie dans l’ensemble aussi bien pour les plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) que pour les moins qualifiés (ouvriers et employés). Le lien causal entre innovation et emploi des plus âgés est, de par sa complexité, difficile à mettre en évidence. L’analyse des flux d’emplois entre 1998 et 2001 conforte cependant l’idée que l’innovation aggrave l’obsolescence des qualifications. En jouant à la fois sur les embauches et les sorties d’emploi, la diffusion des nouvelles technologies aurait bien un impact négatif sur l’emploi des seniors. Ce constat doit être nuancé : certains changements organisationnels comme la décentralisation des pouvoirs de décision ainsi que l’ouverture à l’international faisant appel à des salariés expérimentés seraient de ce fait plus favorables aux plus âgés qu’aux plus jeunes.

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