Retraites : les nouvelles projections financières du Conseil d'Orientation des Retraites.

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- Auteur(e) : Hakim EL FATTAH

Conseil d'orientation des retraites - rapport du 14 avril 2010.

le Conseil d'orientation des retraites (COR) a publié aujourd'hui son huitième rapport relatif aux projections financières actualisées des régimes, qui serviront de base au débat national sur l'avenir des retraites.

Les dernières projections du COR ont été réalisées en 2007, antérieurement donc à la crise économique et financière qui a débuté en 2008 et qui a entrainé une forte dégradation des comptes des régimes.

Il était donc urgent que le COR procéde à une actualisation de ses projections afin de tenir compte des conséquences à moyen et à long termes de la crise. 

Les hypothèses retenues pour l’actualisation des projections :

Pour tenir compte de l’incertitude particulièrement forte sur les répercussions à long terme de cette crise sur

l’économie, le Conseil a retenu trois scénarios économiques alternatifs. Ces derniers correspondent à trois hypothèses alternatives :

 

  •  La première suppose un rattrapage intégral de la perte de production effective et potentielle engendrée par la crise.
  •  La deuxième, un peu moins favorable, suppose que le taux de chômage à long terme est le même qu’avant la crise mais que le taux de croissance est plus faible.
  •  La troisième, la moins favorable, fait l’hypothèse qu’à long terme, le taux de croissance de la production est plus faible qu’avant la crise et le taux de chômage plus élevé.

 

Selon les projections du COR : 

Dans le scénario A, l’hypothèse de taux de chômage à long terme est de 4,5 %, soit un niveau significativement inférieur à celui qui a été observé en France depuis trente ans.

La productivité apparente du travail à long terme y est supposée progresser de 1,8 % par an, soit l’évolution moyenne observée sur la période 1991-2007.

Dans ce scénario, la crise n’aurait aucun effet en niveau sur le PIB à long terme.

Le besoin de financement annuel du système de retraite à long terme serait du même ordre de grandeur que dans les projections de 2007, représentant 72 Mds€ en 2050 (1,7 point de PIB)

Dans le scénario B, l’hypothèse de taux de chômage à long terme est de 4,5 %, comme dans le scénario A.

La productivité apparente du travail à long terme est supposée égale à son évolution moyenne observée depuis le début des années 2000 jusqu’au début de la crise, soit +1,5 % par an. Elle rejoindrait son sentier de long terme au milieu de la décennie 2020.

Dans ce scénario, la perte de richesse liée à la crise serait de 3,2 % du PIB en 2020 (soit environ 1,6 année de croissance perdue à cause de la crise).

Dans ce scénario, le besoin de financement serait plus dégradé à long terme et s’élèverait à 103 Mds€ pour la seule année 2050 (2,6 points de PIB).

Dans le scénario C, l’hypothèse de productivité du travail à long terme est de +1,5 % par an, comme dans le scénario B.

Le taux de chômage structurel se stabiliserait à 7,0 % en 2022.

Dans ce scénario, la perte de richesse liée à la crise serait de 4,8 % du PIB en 2020 (soit environ 2,8 années de croissance perdues à cause de la crise).

Le besoin de financement annuel du système de retraite serait alors de l’ordre de 115 Mds€ en 2050 (3,0 points de PIB).

 Les effectifs de cotisants et de retraités dans les trois scénarios :

Dans les trois scénarios, le nombre de cotisants chute en 2009 et 2010 et serait ainsi plus faible à court et moyen terme que dans le scénario de base du COR de 2007. Puis, dans la phase de rebond et de diminution du taux de chômage, il progresserait, passant de 25,3 millions en 2010 à 26,7 millions en 2024 dans les scénarios A et B, et à 26 millions en

2022 dans le scénario C. Au-delà, il serait quasiment stable jusqu’à 2030 puis augmenterait légèrement jusqu’en 2050 (+ 240 000).

Comme dans les projections de 2007, le nombre des retraités progresserait quant à lui rapidement jusqu’en 2050, passant de 15 millions en 2008 à 22,9 millions en 2050. Sous l’effet de l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses du baby boom, la hausse serait particulièrement rapide jusque vers 2035. Au-delà, la croissance du nombre de retraités, plus modérée, serait tirée par la poursuite de l’allongement de l’espérance de vie aux âges élevés.

Au total, le ratio démographique, qui rapporte les effectifs de cotisants aux effectifs de retraités, se dégraderait plus rapidement que dans les projections de 2007 du fait de la baisse du nombre de cotisants liée à la crise, pour atteindre à long terme un peu moins de 1,2 cotisant pour un retraité. Il serait un peu plus dégradé à terme dans le scénario C, du fait d’un taux de chômage plus élevé.

Départ à la retraite et niveau des pensions :

Compte tenu notamment de la hausse projetée de la durée d’assurance requise pour une pension à taux plein à 41,5 ans en 2020, l’âge effectif moyen de départ à la retraite augmenterait en projection, tant au régime général que dans la fonction publique. Au total, par rapport à 2008, où il était de 60,6 ans, il augmenterait d’environ 1 an à l’horizon 2020, de 1 an ½ à l’horizon 2030 et de l’ordre de 2 ans à l’horizon 2050.

La pension moyenne de l’ensemble des retraités augmenterait plus ou moins rapidement selon l’évolution projetée des rendements pour l’AGIRC et l’ARRCO. Deux hypothèses de rendements après 2010 ont en effet été étudiées, l’une consistant à faire évoluer la valeur de service et la valeur d’achat du point comme les prix (hypothèse de rendements constants), l’autre consistant à faire évoluer la valeur de service du point comme les prix et la valeur d’achat du point comme les salaires (hypothèse de rendements décroissants). Dans les projections à rendements constants pour l’AGIRC et l’ARRCO, la pension moyenne augmenterait d’un peu moins de 1 % par an de 2009 à 2030, puis accélèrerait progressivement pour atteindre en fin de période un taux de croissance de 1,5 % dans le scénario A et de 1,3 % dans les scénarios B et C. Dans les projections retenant une hypothèse de rendements décroissants pour l’AGIRC et l’ARRCO, la pension moyenne évoluerait en fin de période de seulement 1,2 % dans le scénario A et de 1,0 % dans les scénarios B et C.

Dans tous les cas, la pension moyenne augmenterait moins vite que le revenu moyen d’activité, ce qui conduirait en projection, dans les différents scénarios, à une diminution du rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen d’activité.

Les conditions de l'équilibre des retraites : projections à différentes horizons : 2020, 2030, 2050 :

 À l’horizon 2020, compte tenu de la hausse de 1 an par rapport à 2008 de l’âge effectif moyen de départ à la retraite dans les différents scénarios, la hausse du taux de prélèvement permettant de couvrir les besoin de financement annuel serait de 3,8 points dans le scénario A, de 4,2 points dans le scénario B et de 4,7 points dans le scénario C (pour un taux de prélèvement initial rapportant les recettes du système de retraite aux rémunérations brutes de 28,8 %). Dans le même temps, le rapport entre la pension moyenne nette de l’ensemble des retraités et le revenu moyen net d’activité de l’ensemble des actifs diminuerait par rapport à son niveau de 2008 respectivement de -6,2 %, -3,5 % et -3,2 %.

À l’horizon 2030 et plus encore à l’horizon 2050, les conditions d’équilibre auxquelles conduisent les projections actualisées, en supposant que les besoins de financement projetés seraient couverts par des hausses de prélèvement à la charge des actifs, seraient globalement plus contraignantes et plus contrastées entre les différents scénarios. De plus, à ces horizons, l’hypothèse de rendements pour l’AGIRC et l’ARRCO influe sur les conditions d’équilibre.

 

 Source : www.cor-retraites.fr/