Quelles différences de situation professionnelle entre les femmes et les hommes suite à une mobilité résidentielle ? DARES analyse

Égalité professionnelle F/H

- Auteur(e) : Khalida BENZIDOUN

Dans cette analyse publiée en avril 2019, la DARES part du constat selon lequel « dans les couples biactifs – où les deux personnes sont en emploi –, la mobilité résidentielle peut être dommageable pour la situation professionnelle d’un des conjoints ».

Karine BRIARD, auteur de cette étude, soulève ainsi les problématiques suivantes :

-          « Dans la mesure où les situations professionnelles des femmes et des hommes sont déséquilibrées sur le marché du travail, un déménagement accentue-t-il les différences ?

-          Comment les situations professionnelles respectives des femmes et des hommes évoluent-elles à court et à moyen terme suite à un déménagement ? »

La DARES fournit des éléments quantitatifs et qualitatifs pour détailler les réponses à ces questions.

Elle précise que son analyse « s’appuie sur l’enquête Formation et qualification professionnelle menée par l’Insee en 2014 et 2015 qui retrace les calendriers professionnels et résidentiels sur cinq ans[1] ».

 1/ Les femmes moins souvent en emploi que les hommes après une mobilité résidentielle

-     «À moyen terme, les femmes et les hommes mobiles qui travaillaient en 2010 sont moins souvent en emploi en 2015 que les sédentaires : les trois quarts sont en emploi en 2015   contre 84 % des femmes et des hommes « sédentaires ».

-     En revanche, la mobilité est liée positivement à l’occupation d’un emploi pour les femmes et surtout pour les hommes qui étaient en situation d’emploi précaire ou temporairement éloignés de l’emploi

2/ Plus souvent des mutations pour les hommes et des démissions pour les femmes

-     Qu’ils soient en emploi ou au chômage juste avant, femmes et hommes sont un peu moins souvent en emploi dans les semaines qui suivent un déménagement qu’après plusieurs mois voire plusieurs années

-     Les durées des périodes de non-emploi des hommes et des femmes sont toutefois proches en moyenne.

-     Les fins de contrat à durée déterminée sont plus répandues chez les femmes, alors que les hommes connaissent plus souvent un changement de poste au sein de la même entreprise   et conservent alors leur emploi.

-      La démission constitue la circonstance de fin d’épisode d’emploi la plus fréquente des femmes en couple qui déménagent.

-       Qu’ils soient seuls ou en couple, les hommes, nettement plus souvent que les femmes, justifient leur mobilité par le souhait d’un emploi plus intéressant. Cette raison est en outre davantage citée par les femmes et les hommes qui restent en emploi.

-       En revanche, les femmes avancent plus fréquemment le souhait ou l’obligation de déménager, notamment lorsqu’elles vivent en couple, ce qui peut correspondre au fait de suivre leur conjoint qui déménage pour des raisons professionnelles. Cela suggère un déséquilibre du poids des situations professionnelles respectives des conjoints dans les décisions de mobilité, déséquilibre qui pourrait se justifier par des revenus ou des perspectives professionnelles différentes.

3/ Une évolution de la situation professionnelle souvent plus favorable pour les hommes

-       Plus fréquemment que les femmes, les hommes qui déménagent et restent en emploi après un déménagement connaissent des changements professionnels qui affectent une composante importante de leur travail, comme leur secteur d’activité ou leur fonction. Un peu plus souvent, ils connaissent aussi une amélioration de leur situation professionnelle.

-    Les femmes et les hommes qui déménagent dans le cadre d’une mutation professionnelle améliorent presque aussi souvent leur situation : une amélioration de leurs conditions de travail, une augmentation de leurs revenus, de leur temps de travail ou bénéficient d’une promotion

-        Lorsque le déménagement intervient au terme d’un contrat à durée déterminée ou implique une démission, il s’accompagne plus fréquemment pour les hommes que pour les femmes, d’une amélioration de la situation professionnelle. En particulier, suite à une démission, la situation professionnelle s’améliore pour près d’un homme sur deux, qu’il soit en couple ou seul

-        Pour 26 % des hommes en couple et seulement 15 % des femmes en couple, un déménagement n’implique pas de changement d’employeur

4/ Des conditions de travail, un statut et une catégorie socioprofessionnelle qui s’améliorent moins souvent pour les femmes

-    Si les femmes et les hommes en couple qui déménagent sont presque aussi nombreux à bénéficier de cette amélioration et à ne pas subir une dégradation de leur situation professionnelle, les femmes seules le sont nettement moins souvent

-       Les femmes accèdent moins fréquemment que les hommes à une catégorie socioprofessionnelle plus élevée ou à une position professionnelle qu’elles jugent plus élevée (« statut »).

5/ À caractéristiques identiques, les femmes sont moins souvent en emploi que les hommes après un déménagement, mais plus que les sédentaires

 -      À caractéristiques individuelles, familiales et professionnelles identiques, entre 2010 et 2015, les femmes ont déménagé un peu plus souvent que leurs homologues masculins si elles étaient en emploi en 2010 et aussi souvent qu’eux si elles étaient au chômage.

-     Toutes choses égales par ailleurs, les femmes et les hommes qui ont été mobiles sont plus souvent de nationalité française ou ressortissants d’un pays européen que les sédentaires, n’avaient jamais travaillé avant 2010 et résidaient dans une autre région que celle de leur naissance. Ils sont aussi plus souvent sans enfant et ont vécu plus fréquemment seuls sur la période.

-    Toutes choses égales par ailleurs, qu’elles aient été en emploi ou au chômage cinq ans auparavant, les femmes sont moins souvent en emploi en 2015 que les hommes.

-      En revanche, celles qui ont été mobiles ont plus de chances de travailler que celles qui sont restées sédentaires, alors que, pour les hommes, déménager n’est pas significativement lié à la probabilité d’occuper un emploi ».

 Vous trouverez ci-après l’analyse de la DARES dans son intégralité.

 



 

 

[1]La DARES Précise également que cette étude vient compléter celle intitulée « Quels liens entre mobilité résidentielle et situation professionnelle ? (DARES analyses n° 15, avril 2019, disponible sous le lien https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/dares-analyses-dares-indicateurs-dares-resultats/article/quels-liens-entre-mobilite-residentielle-et-situation-professionnelle