Prévention du burnout : recommandations de l'Académie nationale de médecine

Conditions du travail

- Auteur(e) : Hakim EL FATTAH

Face aux problématiques du mal-être au travail, le législateur a procédé, dans le cadre de la loi relative au dialogue social et à l’emploi du 17 août 2015, à l'inscription explicite dans le droit de la sécurité sociale de la possibilité, déjà existante, de faire reconnaître les pathologies psychiques comme maladies d’origine professionnelle. Cette reconnaissance devra se faire au moyen de la procédure dite « complémentaire ». Lors des débats parlementaires, il a été envisagé d'inscrire, comme certains acteurs le réclament, le burnout que l'on traduit généralement par le syndrome de l’épuisement professionnel, au tableau des maladies professionnelles, mais le gouvernement s'y est opposé estimant par la voix du ministre du travail de l'époque que cette maladie "n'est pas uniquement liée au poste de travail".  

Dans un rapport publié fin février de cette année, l'Académie nationale de médecine estime que les hésitations du législateur sur la question du burnout pourraient s'expliquer par "l'imprécision des contours de cette réalité" qui se trouve de ce fait "très délicate à définir". A cet égard, si l’Académie est d'avis que "le burnout est un état d'épuisement psychologique (émotionnel), mais aussi cognitif (avec une perte de motivations et des difficultés de concentration) et physique ("coup de pompe"), qui se présente sous forme de symptômes traduisant une réaction de détresse à une situation de stress en milieu professionnel", elle considère, en revanche, que "le terme de burnout ne peut être actuellement un diagnostic médical" et que "son usage extensif conduit à confondre détresse (ou fatigue) et pathologie émotionnelle".

Afin d'améliorer la prise en charge des personnes exposées au burnout, l'Académie nationale de médecine recommande que des actions soient mises en œuvre par "les organismes en charge de la recherche médicale pour l'établissement de critères cliniques, l'identification des mécanismes physio et psychopathologiques et en conséquence de modalités préventives et thérapeutiques de l'épuisement professionnel". Elle juge, en outre, qu'"une priorité doit être donnée aux maladies dites de société (complications somatiques et psychiques du stress) dans les programmes de formation des étudiants en médecine et de développement professionnel continu des professionnels de santé".

Eu égard à leurs rôles respectifs en matière de santé au travail, l'Académie nationale de médecine préconise qu'une collaboration entre médecine du travail et management de l'entreprise soit institutionnalisée "dans une démarche de prévention des pathologies mentales liées au travail".

Elle juge, enfin, hautement utile une structure capable de faciliter la coopération entre les ministères concernés (Travail, Santé, Recherche), "à l'instar de ce qui existe pour d'autres questions de santé et sécurité publique telles que toxicomanie ou sécurité routière" et incite vivement le ministère de la santé à développer des campagnes d'information auprès du grand public et des professionnels de soins pour une promotion de la santé mentale.