Pour la diversification des métiers féminins : repérage de bonnes pratiques en entreprises (enquête menée en 2010 par le CIDFF avec le soutien du FSE)

Égalité professionnelle F/H

- Auteur(e) : Tiphaine Garat

Diversification des choix professionnels des filles. Quels enjeux ? Quelles bonnes pratiques pour les entreprises ?

 

Objectifs :

En France, les choix d’orientation restent encore aujourd’hui très sexués, avec une concentration des filles dans un petit nombre de filières : social, éducation, santé...

Dans le cadre d’un projet financé par le Fonds social européen, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi et la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité, le CIDFF du Bas-Rhin et l’Université de Strasbourg ont mené une enquête auprès d’une dizaine d’entreprises alsaciennes ayant recruté des femmes à des postes dits masculins. Ces dernières sont lauréates du Prix de la vocation scientifique et technique des filles et du Prix de la diversification de l’apprentissage au féminin qui récompensent des filles insérées dans des filières où elles sont peu représentées (moins de 30 à 40% des effectifs de formation).

Les entretiens ont porté sur les parcours de ces femmes, les pratiques de l’entreprise concernant leur intégration mais aussi les représentations des acteurs vis-à-vis du travail des femmes sur ces postes.

Si de nombreux « clichés » demeurent, les résultats de l’enquête montrent que les entreprises sont satisfaites de ces recrutements et sont prêtes à renouveler l’expérience.

L'objectif de ce tableau synthétique est de valoriser les bonnes pratiques de ces entreprises.

 

Prendre en compte l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle et familiale

Concilier travail et vie familiale représente encore souvent une contrainte plus importante pour les femmes car, les statistiques le disent, les femmes ont encore majoritairement la charge de l’entretien du foyer et de l’éducation des enfants. Cependant, ces difficultés peuvent être atténuées si l’entreprise en a conscience et s’efforce de favoriser cet équilibre, propice à l’ensemble des salariés. Ne pas organiser de réunions tardives, par exemple, aménager les horaires avec une certaine souplesse ou encore développer dans l’entreprise des services qui déchargent partiellement les salariés de leurs tâches ménagères ou de la garde d’enfants : les réponses sont diversifiées et demandent à être explorées et développées.

 

Témoignages
« On a une particularité dans l’entreprise, c’est d’avoir beaucoup de salariés qui n’ont pas un contrat en « heures » mais en « forfait jour ». Donc on a une obligation légale de faire le point avec le salarié notamment sur cette thématique » (resp. qualité, industrie automobile)

 

Améliorer les conditions de travail pour ouvrir plus de postes aux femmes… et en faire bénéficier tous les salariés

Limiter les charges à soulever, développer des moyens de manutention, améliorer l’ergonomie des postes…: ces aménagements de l’organisation du travail se traduisent par un allègement global de la pénibilité, dont tous les salariés, hommes et femmes, vont être bénéficiaires.

 

Des entreprises ont demandé à leurs salariées femmes employées à des tâches « classiquement masculines » de lister ce qui pose des problèmes sur leurs postes de travail. Cette démarche pragmatique peut apporter des améliorations.

 

Témoignages

« C’est clair que ce n’est pas facile, mais il y a des outils pour certaines opérations, des engins de levage ; d’ailleurs, même un homme peut être limité, changer une roue, porter une batterie, on ne le fait pas tout seul !», (DRH garage poids lourds)

« Il n’y a pas de limite, dans notre cuisine, si on se donne la peine de bien organiser l’espace, d’équilibrer les tâches et de se donner un coup de main quand il y a quelque chose de lourd. . », (patron restaurant)

« Dans un atelier d’aujourd’hui, il y a suffisamment de technologie pour que la force physique ne soit pas un élément discriminatoire », (dit plusieurs fois)

L’alternance, une porte d’entrée efficace

L’entreprise recrute plus facilement une apprentie qu’elle aura vue à l’œuvre. La formation en alternance favorise donc la mixité, car elle permet à un candidat de faire ses preuves avant le recrutement. En effet, les périodes de formation permettent de tester les jeunes femmes, d’évaluer leurs compétences techniques et leurs capacités d’adaptation.

 

Témoignages

« Les apprentis restent dans l’entreprise en fonction des opportunités de postes et de leurs compétences et motivations avérées sur le terrain », (Responsable développement ressources humaines, entreprise de plasturgie)

« L’alternance est un vrai plus. Les chantiers sont tous différents : plus on en voit plus on apprend », (femme, ingénieure d’études en travaux publics)

« L’apprentissage est favorable à la mixité parce que cela permet de voir comment la personne se comporte sans prendre de risques… », (homme, ingénieur d’études en travaux publics)

 

Les femmes rencontrées lors des entretiens soulignent qu’il est important de trouver dans l’entreprise des toilettes entretenues, soignées. 

 

Elles apprécient aussi un vestiaire aménagé, avec des rangements, pour que l’on puisse y laisser quelques affaires personnelles. Celles qui sont amenées à porter des tenues fournies par l’entreprise pour l’atelier apprécieraient que leur coupe soit mieux adaptée aux femmes qui doivent les porter.

 

 

Témoignages

« Pour des raisons pratiques, je m’habille en tenue de travail, avec une chemise qui comporte plein de poches. Cette tenue me permet d’être proche des agents de la production, je ne me vois pas arriver à l’atelier avec un tailleur et des talons… Cependant, un effort pourrait être fait sur la coupe et la taille de ces vêtements de travail, afin qu’ils s’adaptent à des gabarits féminins ! » (responsable qualité, industrie automobile)

« L’absence de toilettes réservées aux femmes peut constituer un obstacle… Il faut y prêter attention » (chef de service, collectivité locale)