INSEE, Economie et statistique n°403-404 (décembre 2007)
Thierry Debrand et Pascale Lengagne
Résumé
Les conditions de travail ont beaucoup évolué au cours des dernières décennies dans les pays développés.
Cette évolution s’est accompagnée de l’apparition de nouvelles formes d’organisation du travail pouvant être sources de pénibilité et de risques pour la santé.
Dans un contexte de vieillissement des populations, ces problèmes sont particulièrement préoccupants, en matière de santé, d’emploi et de financement des retraites.
Cette étude s’intéresse aux liens existant entre l’organisation du travail et la santé des seniors à partir de l’enquête Share 2004. Elle se fonde sur deux modèles, celui de Karasek et Theorell (1991) et celui de Siegrist (1996) qui font intervenir trois principales dimensions :
la pression ressentie qui reflète la pénibilité physique perçue et la pression due à une forte charge de travail,
la latitude décisionnelle qui renvoie à la liberté d’action et aux possibilités de développer de nouvelles compétences,
et la récompense reçue qui correspond au sentiment de recevoir un salaire correct relativement aux efforts fournis, d’avoir des perspectives d’avancement ou de progression personnelle et de recevoir une reconnaissance méritée.
Ces modèles tiennent également compte de la notion de soutien dans le travail et du sentiment de sécurité de l’emploi.
Nos estimations montrent que l’état de santé des seniors en emploi est lié à ces facteurs. Un niveau de pression ressentie peu élevé mais surtout un niveau de récompense reçue important sont associés à un bon état de santé, pour les hommes comme pour les femmes. La latitude décisionnelle n’aurait d’influence que sur l’état de santé des femmes. Les résultats révèlent enfin l’importance sur la santé du manque de soutien au travail et du sentiment d’insécurité vis-à-vis de l’emploi ; quel que soit le sexe, ces deux facteurs sont notamment corrélés au risque de souffrir de dépression.