L’open space ne favorise pas le sens au travail

Qualité de vie au travail
Conditions du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Concernant plus de 3,2 millions des salariés en France en 2019, le travail en open space, c’est à dire dans des bureaux sans cloison ou en plateau ouvert, promeut un accroissement de la productivité par la fluidification de la communication entre travailleurs mais aussi une réduction des coûts de l’espace de travail. Pourtant, les conditions de travail de ceux qui le pratiquent «sont globalement moins bonnes que celles des travailleurs en bureau classique », révèle la Dares dans une étude publiée le 8 décembre 2023[1].

  • Environnement de travail : des salariés plus exposés aux bruits et virus

S’ils se confrontent moins souvent à des lieux de travail sales, humides, sans vue sur l’extérieur, les salariés en open space subissent plus fréquemment des températures élevées et sont particulièrement exposés aux bruits. Ainsi, selon les données présentées par la Dares, 8 % des salariés en open space ne sont pas dans la capacité d’entendre une personne, placée à 2 ou 3 mètres, qui leur adresse la parole, ou alors seulement à condition que celle-ci élève la voix (contre 6% en bureau classique). « Cela peut affecter le travail, par une distraction accrue, une intimité réduite et des difficultés de concentration », souligne la Dares.

Dans ce contexte d’exposition au bruit et aux virus plus importante, ainsi qu’à des facteurs de risques psychosociaux, les salariés en open space s’absentent davantage pour raisons médicales (34 % contre 27 % en bureau classique), souffrent plus fréquemment de douleurs physiques et sont un peu plus nombreux à avoir un risque élevé de dépression.

  • Un soutien entre collègues renforcé, mais un travail moins porteur de sens

92 % des salariés en open space sont aidés par les collègues. Cette collaboration et proximité entre salariés, leur donne aussi l’occasion d’aborder collectivement des questions d’organisation ou de fonctionnement de l’unité de travail (88 % contre 84 %), sans pourtant augmenter le risque des tensions entre eux ou avec l’hiérarchie.

Pourtant, les salariés en open space éprouvent moins souvent un sentiment d’utilité sociale : 73% reçoivent le respect et l’estime que mérite leur travail (contre 75% en bureau classique), 59% connaissent la fierté du travail bien fait (contre 64 %), 60% ont l'impression de faire quelque chose d’utile aux autres (contre 67%), 9% doivent faire des choses qu’ils désapprouvent (contre 7 %).

  • Un travail plus intensif et plus contrôlé

Selon l’étude, les horaires de travail des salariés en open space sont moins extensifs : 40 % travaillent habituellement 40 heures ou plus par semaine (contre 44% en bureau classique), 29% travaillent tous les jours ou souvent au-delà de l’horaire prévu (contre 34%), 13% emportent tous les jours ou souvent du travail à la maison en raison d’un débordement (contre 17%) et 9% ont habituellement des horaires atypiques (contre 15%).

En revanche, une plus grande intensité du travail se constate, avec plus de contraintes au niveau du rythme de travail, des interruptions plus fréquentes d’une tâche pour s’occuper d’une autre non prévue, ou même un suivi plus poussé du rythme de travail et des horaires contrôlés. La Dares constate à cet égard que les salariés en open space « ont aussi moins souvent la possibilité d’organiser leur travail de la manière qui leur convient le mieux ».

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité de : Dares Analyses No 67, Quelles sont les conditions de travail des salariés en open space ?, Décembre 2023.

 

[1] L’étude est basée sur l’enquête Conditions de travail 2019 de la Dares, qui vise à obtenir une description concrète du travail, de son organisation et de ses conditions selon divers angles : horaires, rythmes de travail, pénibilité, organisation du travail, coopération, conflits, etc. Depuis l’édition 2019, elle comporte une question sur le travail en open space.