Les tendances récentes dans l’utilisation du télétravail et du travail mobile basé sur les TIC

Qualité de vie au travail
Organisation du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Une étude relative à l’impact du télétravail et du travail mobile basé sur les technologies de l’information et de la communication (TIC)[1] sur les travailleurs et la société a été publiée par le Parlement européen le 30 avril 2021[2]. Son objectif est d'analyser la tendance actuelle dans l'utilisation accrue du travail à distance (télétravail), d'évaluer son impact sur les travailleurs et la société et de présenter les défis qui en découlent en termes d'élaboration de politiques, afin d'identifier les actions politiques possibles à prendre au niveau de l'UE.

 

L’étude intervient dans un contexte fortement marqué par la pandémie de COVID-19, conduisant à « une augmentation massive de l'utilisation du télétravail à domicile ». Pour le Parlement, cette réalité devrait continuer à perdurer après la période de la crise sanitaire, et devrait se présenter sous une nouvelle forme hybride combinant travail à distance et travail sur site. Les rédacteurs mettent ainsi en lumière l’ensemble de défis que le recours au télétravail et au travail numérique pose, afin qu’une nouvelle réflexion sur la façon dont le travail est effectué, coordonné et réglementé soit engagée.

 

Les vertus pour les travailleurs sont indéniables : une plus grande flexibilité de temps et de lieu, une plus grande autonomie professionnelle, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, une amélioration de l’accès à l'emploi des personnes handicapées, des seniors, des femmes, des personnes vivant dans des zones rurales ou périphériques. Du côté des employeurs, ces modes d’organisation du travail peuvent réduire les coûts de production et améliorer la productivité des travailleurs. In fine, au niveau sociétal, les effets positifs sont liés à la réduction attendue des émissions de carbone et à un développement spatial plus équilibré.

 

Toutefois, l’étude engage une réflexion approfondie sur les effets négatifs du télétravail et du travail mobile basé sur les TIC.  S’agissant des travailleurs, les risques d’une augmentation de l’intensité de travail ainsi que d’un rallongement des horaires sont essentiellement liés à la flexibilité et l'autonomie que ces modes d’organisation du travail offrent. La santé mentale des travailleurs peut être particulièrement affectée à cause d’un potentiel sentiment d’isolement, des méthodes de contrôle et de surveillance en ligne, etc. Quant à leur sante physique, celle-ci peut être dégradée par le manque d'espace et d'équipements ergonomiques adaptés. Un autre aspect souligné est le phénomène des violences domestiques qui peuvent être subies par les femmes qui télétravaillent. Selon les rédacteurs, la difficulté de ces modes d’organisation du travail pour les entreprises se trouve dans la capacité des managers à impliquer et à motiver efficacement les travailleurs, à travers d’une évolution des cultures organisationnelles et d’un établissement de relations de confiance. L'émergence de nouvelles inégalités sociales entre ceux qui peuvent télétravailler et ceux qui ne le peuvent pas peut aussi bouleverser la société dans son ensemble.

 

Face à ces constats, l’étude engage une réflexion sur les mesures spécifiques européennes et nationales existantes. Après une description des règlementations au niveau européen, l’étude fournit cinq études de cas d’États membres (Allemagne Finlande, Irlande, Italie et Roumanie). Elle aborde la question de savoir s'il est nécessaire d'élaborer de nouvelles réglementations européennes en la matière. Pour les rédacteurs, les institutions de l'UE pourraient jouer un rôle clé en facilitant ces évolutions et en aidant les États membres et les partenaires sociaux dans la mise en œuvre des politiques et des réglementations relatives au télétravail et au travail mobile basé sur les TIC.

 

Vous trouverez l’intégralité de l’étude publiée en anglais ci-après.