Les discriminations demeurent bien ancrées dans la vie professionnelle (Baromètre Cegos)

Égalité dans le travail
Non-discrimination

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Malgré des progrès, les discriminations au travail persistent. Et pour cause :  plus d’un salarié français sur deux déclare avoir été victime de discrimination au cours de sa vie professionnelle. Tel est le constat alarmant du baromètre international Cegos « Diversité et inclusion dans les organisations : les enjeux compétences d’une transformation culturelle » , publié le 21 juin 2022[1]. Face à ce phénomène de dimension mondiale, l’étude invite les entreprises à déployer et évaluer des actions en matière d’inclusion et de diversité. Focus sur l’état des lieux des discriminations au travail en France.

  • Une vaste palette de discriminations observées et vécues

En France, 54% des salariés (63% à l’international) déclarent avoir déjà été victimes d’au moins une forme de discrimination et 74% d'entre eux (82% à l’international) en avoir déjà été témoins. « C’est d’autant plus alarmant que beaucoup de pays, notamment la France, ont acté des dispositions juridiques ciblées pour lutter contre ces phénomènes », déplore Annette Chazoule, Manager d’Offre « Management et Changement » du groupe Cegos.

Selon le baromètre, l’apparence physique (41%), le racisme (36%) et l’âge (34%) constituent les trois discriminations les plus observées dans les entreprises françaises, avec des données plus élevées chez les jeunes de 18-24 ans. L’apparence physique et l’âge figurent sur le podium des discriminations subies par les salariés français (à 18% respectivement), avec encore des scores plus élevés chez les jeunes.

Les réflexions à caractère sexiste et raciste constituent les deux principaux motifs de dégradation de l’ambiance au travail pour les salariés français. Quant aux DRH/RRH, ceux-ci évoquent les réflexions à caractère sexiste, les allusions sexuelles, les réflexions à caractère raciste et les remarques liées à l’âge en tant que principaux motifs de dégradation de l’ambiance au travail.

Etant principalement le fait des collègues et des managers directs, ces discriminations s’exercent surtout lors des phases de recrutement, d'intégration et de promotion. En revanche la formation et les pratiques managerielles semblent être peu concernées par cet aspect.

  • Promotion de la diversité et de l’inclusion : des esprits et des pratiques prêts à évoluer

« Les lignes bougent, mais le chemin à parcourir reste long », souligne l’étude. En effet, si le niveau de connaissance des notions de diversité et d’inclusion semble assez élevé, le niveau d’implication des acteurs dans la promotion de ces valeurs demeure insatisfaisant. Ainsi, seuls 30% des salariés français se positionnent comme « promoteurs » de la diversité dans leur organisation, 17% comme des « militants actifs » et 26% se disent « indifférents ». Au contraire, 60% des jeunes salariés et 53% des DRH/RRH s’affirment comme des « promoteurs ».

Il est à noter qu’à la visibilité de ces problématiques contribuent aussi les actions sociales de dénonciation du racisme, des actes sexistes et de lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. De plus, 77% des salariés et 88% des DRH/RRH français reconnaissent l’apport positif de la politique en matière de diversité et d’inclusion dans les entreprises. Or, la communication sur cette politique demeure défectueuse : seuls 28% des salariés français estiment qu’elle est clairement définie et affichée au sein de leur entreprise.

Les esprits sont toutefois préparés pour favoriser davantage d’inclusion et de diversité, compte tenu des actions de sensibilisation déjà mises en place au sein des entreprises. Quant aux leviers de l’inclusion, l’organisation du travail, le recrutement et la formation sont fortement plébiscitées par près de 70% des salariés et 80% des DRH/RRH. En outre, près de 40% des salariés et des DRH/RRH se prononcent pour la mise en place d’une politique de « tolérance zéro » avec la discrimination et le harcèlement et près de 30% d’entre eux promeuvent la mise en place d’enquêtes de qualité de vie au travail. Quant à la promotion de la diversité, les politiques de quotas sont relativement bien perçues tant par les salariés que par les DRH/RRH (59% et 58% respectivement). Le rôle de l’équipe dirigeante et du management en tant qu’alliés dans la promotion de l’inclusion et de la diversité est affirmé.

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité du baromètre international Cegos « Diversité et inclusion dans les organisations : les enjeux compétences d’une transformation culturelle », juin 2022.

 

[1] Sur la base d’une enquête en ligne réalisée en avril auprès de 4007 salariés (dont 1003 en France) et 420 Directeurs ou Responsables des Ressources Humaines / (DRH/RRH) (dont 60 en France) d’organisations des secteurs privé et public de 50 collaborateurs ou plus dans 7 pays d’Europe (France, Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, Portugal) et d’Amérique Latine (Brésil).