Les conditions de travail avant la crise sanitaire (Dares)

Conditions du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Un an avant la crise sanitaire, les conditions de travail présentent une image contrastée : accentuation des contraintes physiques pour les ouvriers et les employés de commerce et de services, généralisation progressive de l’usage de l’informatique, faible recours au télétravail, stabilité relative des contraintes horaires, insécurité socio-économique en baisse. Tels sont les principaux résultats livrés par l’enquête Conditions de travail de la Dares[1], qui offrent une « photographie de la situation juste avant la pandémie ».

  • Hausse des exigences physiques, stabilité des exigences émotionnelles

Si plus d’un tiers des salariés demeurent soumis à au moins trois contraintes physiques[2], cette proportion augmente nettement depuis 2005 parmi les employés de commerce et de services et les ouvriers non qualifiés (+11 points et +8 points respectivement). Cela étant, en 2019, 48% des employés de commerce et de services déclarent que l’exécution de leur travail leur impose au moins trois contraintes physiques. Ce taux atteint le 69 % pour les ouvriers non qualifiés.

Les risques psychosociaux demeurent quant à eux stables : en 2019, plus d’un salarié sur quatre « doit cacher ses émotions », proportion en légère augmentation par rapport à 2016 mais en diminution par rapport à 2013.

  • Un recours à l’informatique fort, une pratique du télétravail faible

Entre 2005 et 2019, l’usage de l’informatique a essentiellement progressé :  79 % des salariés l’utilisent dans leur travail en 2019, contre 71 % en 2013 et 60 % en 2005. Cette usage est particulièrement répandue parmi les cadres (99 % en 2019) et les professions intermédiaires (96% en 2019) et connaît une progression importante parmi les employés de commerce et de services (33% en 2005 contre 60% en 2019).

Des constats similaires se dégagent aussi concernant l’utilisation de l’ordinateur portable et du téléphone portable pour les activités professionnelles : ils sont 13% des salariés à utiliser l’ordinateur portable en 2005 contre 32% en 2019 ; et 32% à utiliser le téléphone portable en 2005 contre 51% en 2019. Ces usages se sont particulièrement répandus parmi les cadres.

En 2019, un an avant la crise sanitaire, la proportion de salariés pratiquant le télétravail tant régulier (au moins une fois par semaine) qu’occasionnel (au moins quelques jours ou demi-journées par mois) est considérablement faible : 4 % des salariés le pratiquent régulièrement, un taux qui arrive jusqu’à 9 % et comprend aussi le télétravail occasionnel. Parmi les catégories socio-professionnelles, ce sont essentiellement les cadres qui télétravaillent (28 % en 2019), suivis des professions intermédiaires (9%). A l’inverse, les ouvriers comme les employés de commerce et de services ne télétravaillent quasiment pas.

  • Diminution des craintes sur l’emploi

Dans un contexte de baisse du chômage en 2019, l’incertitude sur l’emploi diminue. Ainsi, en 2019, 20 % des salariés déclarent avoir des craintes pour leur emploi, contre 24% en 2016 et 2013, se rapprochant ainsi des niveaux de 2005, « où la situation sur le marché du travail était relativement comparable ». Entre 2016 et 2019, ce sont essentiellement les cadres, les ouvriers non qualifiés et qualifiés qui connaissent une baisse du sentiment d’insécurité socio-économique (-5 points, -7 et -8 points respectivement).

  • Stabilité des contraintes temporelles

Depuis 2005, les contraintes horaires demeurent globalement stables : 15% des salariés déclarent ne pas disposer de 48 heures de repos par semaine en 2019, 15% en 2016 et 16% en 2013. Les employés de commerce et de services connaissent toutefois une situation défavorable : en 2019, 51% d’entre eux déclarent être soumis à un contrôle des horaires (contre 45% en 2013) et 35% affirment ne pas disposer de 48 heures de repos par semaine (contre 33%).

L’exposition aux contraintes de rythme connait aussi une stabilité : en 2019, 34% des salariés se voient subir au moins trois contraintes de rythme[3], contre 35% en 2016 et 2013.

In fine, la part de salariés en surcharge de travail demeure stable depuis 2013, avec pourtant une augmentation parmi les ouvriers non qualifiés et les employés.

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité de Dares Analyses N ° 44, Quelles étaient les conditions de travail en 2019, avant la crise sanitaire ?, 5 août 2021.

[1] Dares Analyses N ° 44, Quelles étaient les conditions de travail en 2019, avant la crise sanitaire ?, 5 août 2021.

[2]Parmi les cinq suivantes : rester longtemps debout, rester longtemps dans une posture pénible ou fatigante, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, porter ou déplacer des charges lourdes, subir des secousses ou des vibrations.

[3] Parmi les sept suivantes : déplacement automatique d’une pièce, cadence automatique d’une machine, d’autres contraintes techniques, dépendance immédiate vis-à-vis du travail d’un ou plusieurs collègues, normes de production ou des délais à respecter en une heure au plus, demande extérieure (clients, patients, public) obligeant à une réponse immédiate, contrôles ou surveillances permanents (ou au moins quotidiens) exercés par la hiérarchie.