L’entrée des femmes sur le marché du travail : un bilan décourageant

Égalité dans le travail
Égalité professionnelle F/H

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

« Alors même que le surinvestissement éducatif des jeunes femmes se poursuit, cela ne se traduit pas par une amélioration significative de leurs situations sur le marché du travail ». Tel est le principal constat du rapport du Céreq, publié le 6 juillet 2023, qui fait état d’une persistance des inégalités entre les sexes sur le marché du travail.

  • Une entrée sur le marché du travail toujours difficile pour les jeunes femmes

Indépendamment de la génération à laquelle elles appartiennent, « les femmes restent plus diplômées que les hommes », souligne le rapport. A titre, d’exemple, 44% de femmes de la génération de 2010 sont diplômées du supérieur, contre 35% des hommes. Ces taux s’établissent respectivement à 50% et 40% pour la génération de 2017. Les femmes sont par ailleurs moins nombreuses à entrer sur le marché du travail sans diplôme. Pourtant, cette entrée ne se fait pas sans difficultés. Si, en effet, tant les hommes et les femmes font face aux taux d’activité et de chômage équivalents, celles dernières présentent « moins de chances que leurs homologues masculins d’être en emploi trois ans après leur sortie de formation initiale ». Or, pour les auteurs du rapport, eu égard à leur capital scolaire, les jeunes femmes devraient être davantage en emploi que les hommes. 

  • Une ségrégation académique et professionnelle persistante

Tant au niveau de filières suivies qu’au niveau professionnel, la ségrégation se trouve « toujours à l’œuvre ». Ainsi, les jeunes femmes se concentrent davantage dans les filières tertiaires (70%), alors que seules 18 % d'entre elles se dirigent vers des filières industrielles. Un taux considérable de 89% des femmes suit des formations en santé-social du bac+2 au bac+4.

S’agissant du niveau professionnel, la concentration sur certains emplois touche tant les femmes que des hommes. Le rapport remarque une répartition très restrictive de 53% des femmes dans cinq groupes socioprofessionnels (contre sept groupes pour les hommes), d’autant plus qu’aucun de ces groupes n’est classé dans la catégorie cadre. La ségrégation horizontale est particulièrement marquée dans les hôpitaux publics qui concentrent encore plus de 80 % de femmes. Le rapport constate aussi une ségrégation verticale qui affecte les femmes, compte tenu de leur sous-représentation dans les professions les plus rémunératrices et socialement valorisées. Celles-ci sont moins nombreuses à occuper un poste de cadre, et lorsqu’elles le font, elles sont moins nombreuses à disposer des responsabilités hiérarchiques (21 % contre 28 % pour les hommes).

  • Les femmes victimes de conditions d’emploi moins favorables et de rémunérations plus faibles

Si le temps partiel touche moins les jeunes femmes de la génération de 2017 par rapport à celles de la génération de 2013, celles premières « restent cependant plus souvent dans cette situation que leurs homologues masculins ». Ainsi, la part du temps partiel en 2020 s’élève à 24% pour les femmes, contre 16% pour les hommes. Les auteurs du rapport signalent par ailleurs une augmentation de cet écart « d’autant plus élevée que l’on descend dans la hiérarchie des emplois ».

Au niveau de la rémunération, le rapport relève un écart relatif de 8% en 2020, soit un salaire médian de 1 625 €  pour les jeunes hommes et de 1 500 € pour les jeunes femmes, tous temps de travail confondus. Les auteurs attirent par ailleurs l’attention sur l’augmentation constante de cet avantage salarial pour les hommes (de deux points entre 2013 et 2023 ou de six points lorsque seuls les emplois à temps plein sont pris en compte). Il s’avère que les écarts salariaux varient largement entre les différents groupes socioprofessionnels. Ainsi, pour ce qui concerne les seuls emplois à temps plein, « les écarts sont beaucoup plus proches d’un groupe à l’autre qu’en considérant les écarts tous temps de travail confondus, témoignant le rôle prépondérant du temps partiel dans les inégalités salariales ».