Le Conseil d'analyse économique préconise plusieurs pistes d'action pour développer l'emploi des seniors

Publics prioritaires

- Auteur(e) : Hakim EL FATTAH

La France dispose-t-elle encore de marges de manœuvre pour accroître l'emploi des seniors?[1] A cette question, le Conseil d'analyse économique répond, dans une note publiée fin mai, par l'affirmative. Bien qu'il soit d'avis qu'il n'est "pas souhaitable d'accroître l'emploi des seniors sans limite, car personne ne souhaite mourir à la tâche", le CAE estime que la France peut faire beaucoup mieux en faveur de ses seniors dont le retrait du marché du travail "réduit la création de richesse" et ne se traduit pas par un recul du chômage notamment des jeunes. 

Dans cette optique, le Conseil préconise plusieurs pistes d'action. En premier lieu, il recommande de mieux faire connaître les différents dispositifs de retraite « choisie » qui rendent possibles les arbitrages individuels : décote et surcote, retraite progressive, cumul emploi-retraite et de rendre ce dernier dispositif générateur de droits nouveaux à retraite.  

Le Conseil recommande, en deuxième lieu, d'harmoniser progressivement les règles définissant l'accumulation des droits par rapport au taux plein et de créer une convergence entre les régimes de retraite. Il préconise en outre d'organiser la concertation pour une réforme, à terme, vers un régime unifié à points ou en comptes notionnels qui "permettrait de concilier au mieux l'exigence d'équilibre des comptes des caisses de retraite et celle d'individualisation des choix de retraite". 

En troisième lieu, le CAE appelle à la mise en place d'un plan spécifique d'accompagnement et de formation pour les chômeurs de plus de 50 ans. Il préconise que Pôle emploi conduise des actions spécifiques et adaptées à leur égard, de mieux les accompagner vers l'emploi et de les sensibiliser à une nécessaire modération salariale, "conséquence de leur perte de capital humain et non nécessairement d'une discrimination de la part des entreprises". 

En contrepartie de cet accompagnement renforcé, le Conseil recommande de mettre fin à ce qu'il appelle "une préretraite UNEDIC universelle", d'une part, en alignant la durée maximale d'indemnisation du chômage des seniors âgés de plus de 50 ans sur la durée normale qui est égale à 2 ans maximum et, d'autre part, en supprimant l'extension de la période d'indemnisation à partir de l'âge légal de départ à la retraite (62 ans) jusqu'à l'âge de la retraite au taux plein.

Enfin, conscient que "cette proposition, si elle est appliquée, ne supprime pas totalement le risque d’une utilisation de l’assurance-chômage par les entreprises pour gérer leurs effectifs par le départ de seniors dès lors que ces derniers peuvent partir à la retraite à taux plein à la fin de leur durée potentielle d’indemnisation chômage", le CAE estime souhaitable d'instituer un mécanisme de bonus-malus qui incite les entreprises à prendre en compte le coût induit par ce type de stratégie. Concrètement, celles-ci contribueraient pour partie au coût de l'indemnisation chômage de leurs ex-salariés. Pour éviter que ce mécanisme ne désavantage les seniors, comme c'était le cas pour la contribution Delalande, le Conseil préconise que ce mécanisme s'applique à tous les salariés, indépendamment de leur âge.    

 



 

 

[1] Le taux d’emploi des salariés âgés de 55-64 ans est passé de 37,9% au début de 2008 à 48,9% à la fin de 2015.