L’association positive entre mixité et productivité (France Stratégie et CNRS)

Non-discrimination

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Sans qu’aucun lien de causalité ne soit démontré, « à caractéristiques égales, une entreprise plus éloignée qu’une autre de la moyenne en termes de mixité est aussi moins productive. Cela est particulièrement marqué pour les entreprises les plus éloignées de la norme en termes de mixité ». Tel est le principal enseignement contenu dans une note de France Stratégie et du CNRS, publiée le 3 juin.

La note synthétise les résultats d’un projet de recherche réalisé par une équipe de TEPP-CNRS qui vise à objectiver le lien potentiel entre mixité des ressources humaines et productivité du travail. Traditionnellement, une telle étude se heurte à trois difficultés méthodologiques, à savoir l’hétérogénéité de situations d’entreprises, les déterminants inobservables des performances de l’entreprise corrélés à la plus ou moins grande mixité de ses ressources humaines et le caractère potentiellement « endogène » de la mixité.

Pour s’innover méthodologiquement, les auteurs ont analysé des données individuelles fiscales et comptables exhaustives d’entreprises françaises sur une période longue de plus de vingt ans (de 1995 à 2015) et ont mobilisé trois approches complémentaires :

-l’approche par l’atypisme qui compare les niveaux de productivité des entreprises « atypiques » (dont la composition de la main d’œuvre se situe aux extrémités de la distribution) à ceux des autres entreprises dites « non atypiques » ;

-l’approche par la diversité qui consiste à estimer une relation entre productivité des entreprises et écart à une norme de diversité de la main-d’œuvre ;

-l’approche dite non linéaire qui mesure, au sein de chaque quartile d’entreprises, une relation entre la mixité et la productivité.

Il ressort, à partir de ces approches, qu’une plus grande mixité est associée à une productivité plus élevée :

  • Quelle que soit l’approche, les auteurs démontrent que les entreprises ayant une répartition de l’emploi équilibrée entre les sexes apparaissent comme plus productives

D’après l’approche par la diversité, par exemple, entre les entreprises en dessous de la norme en termes de part de femmes dans leurs eff­ectifs, une hausse de 10 points de la part des femmes est associée à un niveau de productivité supérieur de l’ordre de 2 % à 3 %.

  • Une relation positive entre diversité et productivité qui ne se vérifie pas dans tous les secteurs

Les auteurs trouvent une relation positive entre diversité et productivité dans le secteur de l'immobilier, de la location et des services aux entreprises, de l’industrie et dans une moindre mesure dans le commerce, l'hôtellerie et la restauration. En revanche, cette relation n’est pas vérifiée pour les secteurs du transport, de l’éducation et protection sociale et de la construction (répartition très déséquilibrée des effectifs par sexe).

  • L’équilibre entre jeunes et séniors est positif pour la productivité d’une entreprise

L’approche non linéaire, par exemple, montre que pour les entreprises employant la plus faible proportion de travailleurs jeunes, une association entre accroissement de la part des moins de 30 ans et gains de productivité se constate.

  • Le lien mixité-productivité est amplifié lorsque la mixité d’âge et de sexe est combinée

Sur cet aspect, la recherche conclut à des résultats différents selon l’approche. Par exemple, d’après l’approche par l’atypisme, les liens croisés entre mixité-productivité et mixité d’âge et de sexe semblent s’additionner sans s’amplifier. En revanche, l’approche par la diversité montre une super-additivité du lien entre mixité et productivité.

 

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité de la note de synthèse de France Stratégie-CNRS « Explorer les liens entre mixité et productivité dans les entreprises », juin 2021.

 

 

 

 

par : Evdokia Maria Liakopoulou