L’absentéisme en entreprise entame sa décrue en 2023, mais se maintient toujours à un niveau élevé

Qualité de vie au travail
Conditions du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Les enseignements tirés de la 3ème édition de l’Observatoire des arrêts de travail[1], publiée par le groupe APICIL le 4 juillet 2024, se montrent encourageants : le taux d’absentéisme en 2023 enregistre un recul de 0,59 point par rapport à 2022 (soit 5,17%), suivi d’une diminution de 7,67 points du taux des salariés ayant bénéficié d’au moins un arrêt de travail au cours de l’année (soit 27,46%). Cette évolution est pourtant à relativiser. Ainsi, le taux d’absentéisme reste assez élevé et dépasse celui de l’année 2021 qui a été marquée par la crise sanitaire. Par ailleurs, si la baisse concerne toutes les tranches d’âge, certaines demeurent particulièrement concernées par le phénomène.

  • La situation des jeunes salariés reste alarmante

Si dans la catégorie des 30-39 ans la survenance d’au moins une absence en 2023 enregistre une baisse (30,46%, soit -8,42 points), elle demeure tout de même supérieure à toutes les autres tranches d’âge, y compris les seniors. Ce sont ces derniers, par ailleurs, qui s’avèrent le moins concernés par les arrêts, seuls 19,64 % ayant eu au moins un arrêt de travail en 2023. Pour les auteurs du rapport, la situation des jeunes salariés ainsi décrite est intimement liée à l’importance majeure que ceux-ci accordent à la reconnaissance et au développement professionnel au sein de l’entreprise : « lorsqu’une entreprise n’est pas en mesure de satisfaire à ces besoins […] cela peut engendrer une forme de distanciation vis-à-vis de l’employeur, voire un désengagement. Dans certains cas, cela peut même conduire à l’apparition de troubles psychiques, tels que la dépression, l’anxiété, le stress ou l’épuisement professionnel ». Ce qui est confirmé par la cellule médicale d’APICIL qui, depuis les 3 dernières années, constate une représentation de plus en plus significative des jeunes actifs en arrêt pour dépression ou burn-out.

  • Le micro-absentéisme en pleine évolution

Les auteurs alertent sur l’augmentation significative des absences de moins de trois jours, autrement dit du micro-absentéisme (17,14 %, soit +5,21 points) : « il s’agit d'un signal préoccupant dans un contexte d’évolution du rapport au travail ». Pourtant, ces absences passent souvent inaperçues dans les entreprises face à l’augmentation des arrêts de longue durée, pointent les auteurs. En effet, une hausse des arrêts de plus de 30 jours se constate, expliquant le léger allongement de la durée moyenne globale des arrêts de travail (soit 23,7 jours en 2023, contre 22,13 jours en 2022). Les auteurs invitent donc les entreprises à porter une attention particulière au micro-absentéisme qui « constitue un indicateur important de la santé au travail et de l’engagement des collaborateurs ».

  • Maladies professionnelles, les principales causes des arrêts de travail longs

Les chiffres révélés par l’Observatoire témoignent une légère diminution des arrêts pour maladie au profit des maladies professionnelles, et des temps partiels thérapeutiques. Ainsi, en 2023, 89% des arrêts concernent une maladie (-3 points par rapport à 2022), 4,59% des mi-temps thérapeutiques (+1,49 point) et 0,31% des maladies professionnelles (+0,08 point). Celles dernières restent le motif qui engendre les arrêts les plus longs (86,20 jours en moyenne) en 2023. En leur sein, les troubles musculo-squelettiques occupent une place prépondérante et représentent 38 286 maladies professionnelles prises en charge, suivies par les pathologies psychiques représentant 1 814 maladies professionnelles prises en charge.

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité de la 3ème édition de l’Observatoire des arrêts de travail, publiée par APICIL.

 

[1] Réalisé sur la base de plus de 51 000 entreprises clientes du Groupe APICIL, ce qui représente plus d’un million de salariés du secteur privé, sur l’ensemble du territoire français, à travers les données déclarées en 2021, 2022 et 2023 via la Déclaration Sociale Nominative.