La santé mentale des actifs en France : un enjeu majeur de santé publique : étude de la Fondation Pierre DENIKER-IPSOS

Conditions du travail

- Auteur(e) : Khalida BENZIDOUN

Le 26 novembre 2018, la Fondation Pierre DENIKER, en partenariat avec IPSOS (entreprise de sondages française) et avec le soutien de la Fondation BTP+ (créée sou l’égide de la Fondation de France par les partenaires sociaux de la branche Bâtiment et Travaux Publics), a présenté au CESE (Conseil économique, social et environnemental) une étude relative à la santé mentale des actifs.

 

La Fondation Pierre DENIKER pour la recherche et la prévention en santé mentale est une fondation française reconnue d’utilité publique créée en 2007.

 

Il s’agit de la première étude épidémiologique relative à la santé mentale des actifs. En effet, elle recense des données relatives aux problèmes de santé mentale subis par un échantillon représentatif de 3 200 personnes, leur fréquence, leur distribution dans le temps et dans l’espace, ainsi que les facteurs influant sur les troubles mentaux.

 

Le trouble mental est ici défini comme une pathologie médicale susceptible d’être soignée. Cette étude « restitue la complexité des liens entre facteurs de risques psychosociaux liés au travail et détresse orientant vers un trouble mental, ouvrant la voie à des politiques de prévention ciblées ».

 

Le Professeur Raphaël Gaillard, psychiatre et président de la Fondation Pierre Deniker, met en exergue l’objectif que nourrit cette étude :

« Nous en tenir aux problématiques de bien-être au travail ou de burn-out ne suffit pas : il faut investir la question du lien entre l’exposition à des facteurs de risques psychosociaux et la présence d’une détresse orientant vers un trouble mental, afin de prévenir celle-ci. (…). Les résultats démontrent l’ampleur de l’enjeu et donnent des pistes de recherche pour mettre en place une politique de prévention ciblée et adaptée ».

 

Différents éléments statistiques permettent ainsi de conclure « à l’urgence de s’emparer de la question de la santé mentale au travail » :

  • « 22% des actifs occupés présentent une détresse orientant vers un trouble mental soit 26% chez les femmes et 19% chez les hommes

  • 15% des actifs occupés déclarent ne pas pouvoir mener de front vie professionnelle et vie personnelle. Parmi eux, 45% présentent une détresse orientant vers un trouble mental ».

 

Par ailleurs, l’étude dresse un état des lieux du « poids des facteurs de RPS liés au travail sur une détresse orientant vers un trouble mental :

  • L’importance d’avoir un travail valorisant :22% des salariés déclarent que leur travail ne les fait pas se sentir utiles et ne leur donne pas une bonne opinion d’eux-mêmes. Parmi eux, 40% présentent une détresse orientant vers un trouble mental.

  • L’importance de la solidarité au travail : 27% des salariés déclarent ne pas pouvoir compter sur leurs collègues. Parmi eux, 39% présentent une détresse orientant vers un trouble mental.

  • L’importance de la communication au travail : 44% des salariés déclarent que la communication et la circulation de l’information dans leur travail ne sont pas satisfaisantes. Parmi eux, 32% présentent une détresse orientant vers un trouble mental.

  • L’importance pour les femmes d’avoir un travail valorisant :22% des femmes déclarent que leur travail ne les fait pas se sentir utiles et ne leur donne pas une bonne opinion d’elles-mêmes. Parmi elles, 46% présentent une détresse orientant vers un trouble mental.

  • Le poids du harcèlement au travail pour les femmes : 20% des femmes déclarent avoir à leur travail une (ou plusieurs) personnes qui prend plaisir à les faire souffrir. Parmi elles, 44% présentent une détresse orientant vers un trouble mental.

  • L’importance pour les hommes de la solidarité au travail : 28% des hommes déclarent ne pas pouvoir compter sur leurs collègues. Parmi eux, 33% présentent une détresse orientant vers un trouble mental

  • La qualité des relations humaines au travail : 38% des hommes déclarent être souvent en contact avec des personnes impolies ou agressives. Parmi eux, 27% présentent une détresse orientant vers un trouble mental ».

 

Enfin, l’étude réalise un focus sur le secteur du bâtiment et des travaux publics pour et démontre « le rôle essentiel du travail en équipe comme une corrélation entre une mauvaise ambiance de travail et un risque de trouble mental ».

 

Vous trouverez ci-après l’étude de la Fondation dans son intégralité.