La France bon élève de l’Europe en matière d’égalité femmes-hommes : synthèse à partir de l’étude d’Equileap

Égalité dans le travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

L’organisation à but non lucratif Equileap, bénéficiant d’un financement de la Commission européenne, dresse un état des lieux de l’égalité femmes-hommes en Europe. L’étude[1] a été réalisée auprès de 255 entreprises qui composent les principaux indices boursiers dans dix pays européens.

L’évaluation a été effectuée sur la base de 19 critères comprenant notamment le nombre de femmes occupant des postes à responsabilité, l’égalité d’accès au marché du travail, l'écart de rémunération femmes-hommes, la flexibilité des horaires et des lieux de travail, les politiques de congés parentaux et les politiques de lutte contre le harcèlement sexuel.

Pour mener sa recherche, Equileap a exploité des données publiées par les entreprises, telles que les rapports annuels, les rapports de responsabilité sociétale d’entreprise, les documents mis en ligne. Elle a également collaboré avec elles pour obtenir des informations manquantes.

  1. Les principaux résultats en Europe  

L’étude met en évidence que, de manière globale, l'initiative des entreprises combinée à une législation solide en matière d’égalité a permis d'obtenir de bons résultats globaux à la fois dans la région et par rapport aux résultats mondiaux. Elle souligne, par ailleurs, que la présence d’une obligation légale en termes d’objectifs à atteindre et de données à publier en matière d’égalité « semble avoir un grand impact sur les performances des entreprises ».

Néanmoins, la persistance des écarts salariaux entre les femmes et les hommes nuance cette image plutôt encourageante. L’étude révèle un manque de transparence s’agissant des mesures visant à réduire les inégalités salariales. En effet, seules 28 % des entreprises publient des informations sur les écarts de rémunération entre les hommes et des femmes. De manière plus significative encore, seulement une entreprise européenne sur dix affiche une stratégie pour réduire les écarts salariaux.

En outre, la répartition des femmes et des hommes dans les postes à responsabilité reste encore déséquilibrée. Les auteurs constatent une sous-représentation plus marquée des femmes au niveau des cadres dirigeants et des cadres supérieurs. En effet, les femmes européennes représentent en moyenne 31 % des membres des conseils d'administration, 16 % des cadres dirigeants, 25 % des cadres supérieurs et 38 % de la main-d'œuvre. Il est significatif, en ce sens, qu’aucune entreprise n'atteint l'équilibre entre les sexes sur les quatre niveaux susmentionnés.

Toutes les entreprises évaluées remplissent, selon les auteurs, les critères d'Equileap relatifs aux congés parentaux, à l'exception de cinq entreprises qui ne sont pas domiciliées en Europe continentale. De même, 48 % des entreprises européennes ont adopté une politique dédiée à la lutte contre le harcèlement sexuel.

  1. La position de la France :  du chemin à parcourir malgré les efforts

D’après le classement réalisé par l’organisation, la France, avec 52 points sur 100, occupe la première place devant la Suède, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie. Sur les dix entreprises les mieux notées figurent 8 françaises, à savoir L'Oréal, Kering, Sanofi, Sodexo, Schneider Electric, BNP Paribas, Société Générale et Danone. Dans les vingt entreprises les mieux notées figurent aussi Orange, Axa et Publicis Groupe.

Selon les auteurs, cette première place s’explique par l’instauration, depuis 2011, d'un quota de 40% dans les conseils d'administration[2], ainsi que par un taux d'activité féminine plus élevé que celui dans les autres pays européens. Grâce à ces quotas, la parité au sein des conseils d'administration est presque atteinte, avec une moyenne de 44 % de femmes. De même, les femmes représentent 39% de la main-d’œuvre, ce qui reflète le taux fort d'activité.

En revanche, la France reste derrière les pays scandinaves pour ce qui concerne la place des femmes au sein de l'encadrement. Elles ne représentent que 17 % des cadres contre 24 % en Suède.

Bien que les performances des entreprises françaises en matière d'égalité sont meilleures que celles de leurs homologues européennes, il reste du progrès à faire. Ce qui explique à l'AFP[3] Diana van Maasdijk, cofondatrice et directrice générale d'Equileap, qui se dit « déçue » que le pays ne fasse pas mieux. Selon elle « l'écart de rémunération avec les hommes reste un sujet en France ».

Cet avis semble être partagé par les pouvoirs publics. Pour Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, « la pire erreur serait de se dire que ce classement est formidable, que nous avons réussi tout ce que nous avions à faire sur ce sujet, que la France est un pays totalement égalitaire »[4].

 

 


 

 

[1] Equileap, Gender Equality in Europe, assessing 255 leading companies on workplace equality, 4 March 2020.

 

 

 

[2] Obligation posée par la loi n° 2011-103 du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle, dite « Loi Copé-Zimmermann ».

 

 

 

[3]Echange entre Diana van Maasdijk, et l'AFP News Agency retranscrit par La Tribune, La France motrice en matière d'égalité femmes-hommes dans les grandes entreprises, 04.03.2020.

 

 

 

[4]Pour Euronews, Egalité femmes-hommes : les entreprises françaises se classent en tête, en Europe, 09.03.2020.