Dis-moi où tu travailles je te dirais à quels risques psychosociaux tu es exposé ! C’est en substance ce qui ressort d’une étude publiée en mois de juin par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, montrant que la situation économique des entreprises « détermine en partie les risques psychosociaux[1] auxquels sont exposés » leurs salariés.
Précisons au passage que cette étude fait partie d’une série de contributions de la Dares qui visent à aider les acteurs à comprendre les phénomènes de « risques psychosociaux » qui n’est, du reste, pas chose aisée, en ce qu’ils mêlent des dimensions psychiques et sociales complexes.
Toujours est-il que, pour arriver à cette conclusion, la Dares a procédé à une analyse statistique qui lui a permis de dégager cinq profils d’établissements employeurs en fonction de leur situation économique : les établissements dits « stables », les établissements dits « flexibles », les établissements « en croissance », les établissements « restructurés », les établissements « en crise ».
Ainsi, au regard des six dimensions[2] des « risques psychosociaux » retenues par le Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail, il s’avère, comme on pouvait s’y attendre, que ce sont les salariés travaillant dans des entreprises « en crise » qui connaissent une plus grande insécurité de l’emploi (42% d’entre eux déclarent craindre pour leur emploi), mais aussi un travail plus intense, des marges de manœuvre réduites et des rapports sociaux plus tendus qu’ailleurs. Cette conjonction d’expositions se traduit par une fragilisation plus grande de la santé mentale de ces salariés.
Dans les établissements dits « flexibles » qui sont confrontés à des fluctuations importantes – à la hausse ou à la baisse – de leur activité, les difficultés signalées par les salariés sont l’intensité du travail, l’insécurité économique et une faible autonomie dans l’organisation de leur travail.
Enfin, dans les établissements qui ont connu d’importantes restructurations et changements organisationnels durant la période récente, les salariés indiquent souvent craindre pour leur emploi ou s’attendent à devoir changer de métier ou de qualification.
[1] Pour définir les risques psychosociaux, la Dares se réfère à la définition retenue par le Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail, pour qui il s’agit des « risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental ».
[2] A savoir les exigences du travail, les exigences émotionnelles, l’autonomie et les marges de manœuvre, les rapports sociaux et relations de travail, les conflits de valeur, l’insécurité économique.