Evolution de la sinistralité au travail en France : les femmes davantage touchées

Qualité de vie au travail
Conditions du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

La sinistralité au travail n'a cessé d'augmenter chez les femmes entre 2001 et 2019. Tel est le principal constat qui ressort de l’étude de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), publiée le 4 juillet dernier. Tout en mettant en évidence un certain nombre de tendances en matière d’accidents de travail, de maladies professionnelles et d’accidents de trajet, l’étude suggère une meilleure prise en compte de « l'impact différencié à l'exposition au risque en fonction du sexe ».

  • Des évolutions contrastées en matière d’accidents de travail entre les femmes et les hommes

Entre 2001 et 2019, le nombre d’accidents de travail, hommes et femmes confondus, baisse de 11%. Or, ce résultat est imputable à la baisse de ces accidents de 27% chez les hommes. En revanche, pour la même période, ces accidents enregistrent une augmentation de 42% chez les femmes.

Une inversion de tendance se produit en 2013 : l’augmentation du nombre global d’accidents de travail (+6%) est imputable à la progression de celui de femmes (+18%). 

  •  Les femmes moins exposées aux accidents mortels mais plus concernées par des arrêts de travail longs

Selon l’étude, les postes occupés par les femmes sont moins exposés à des accidents de travail mortels que ceux occupés par les hommes. En effet, seules 8% des femmes sont concernées par des décès liés à un accident de travail, tandis que le taux des hommes qui décèdent suite à un accident de travail atteint 90%.

Ce sont les activités de service (santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire) qui comptabilisent le plus d’accidents du travail pour les femmes (106 039 accidents reconnus). Cela étant, sur la période 2001-2019, leur nombre a augmenté de 110% pour les femmes alors qu'il a diminué de 13% chez les hommes. Pour les hommes, le BTP demeure le secteur le plus accidentogène (près de 87 000 accidents reconnus). Toutefois, sur la période 2001-2019, une hausse de 85% des accidents de femmes dans ce secteur se constate, tandis que ceux des hommes baissent de près de 30%.

 « Contrairement aux idées reçues (…) les accidents de travail des femmes sont plus graves que ceux des hommes », souligne l’Anact. Ainsi, la durée de l'arrêt de travail lié à l’accident est de 73,8 journées pour les femmes, contre 67,9 journées pour les hommes, « et ce dans tous les secteurs, sauf pour le BTP ».

  • Les maladies professionnelles restent en constante augmentation pour les hommes et les femmes

Alors que la hausse des malades professionnelles concerne, depuis 2001, tant les hommes que des femmes, elle est deux fois plus rapide pour les femmes (+158,7%). En 2019, ces maladies, hommes et femmes confondus, touchent près de 50 000 personnes et relèvent de troubles musculo-squelettiques (TMS) dans 88% des cas.

  • Le nombre d’accidents de trajet progresse pour les femmes

En 2019, près de 99 000 personnes, dont 54% des femmes et 46% des hommes, ont été touchées par un accident de trajet. Alors que leur nombre connait une faible diminution depuis 2001 pour les hommes (-1,5%), il progressé de 33,6% pour les femmes. En revanche, les décès liés à un accident de trajet concernent davantage les hommes (83%) que les femmes (17%).

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité de l’étude de l’Anact, Photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe entre 2001 et 2019. Des évolutions différenciées pour les femmes et les hommes, Juin 2022.