Etude de la Fondation Findings. 23 avril 2009., tirer parti de l'expérience : les femmes actives âgées en Europe

Égalité professionnelle F/H
Publics prioritaires

- Auteur(e) : Hakim EL FATTAH

Etude de la Fondation Findings. 23 avril 2009.

La Fondation Findings vient de publier une étude riche en informations sur « les femmes âgées actives en Europe ». C’est une étude qui s’inscrit dans la réflexion à l’œuvre dans tous les pays européens sur les « bouleversements démographiques importants », conséquence de « l’allongement de l’espérance de vie et de la diminution du taux de natalité ».

Les auteurs de l’étude, rappellent que la question de l’emploi des femmes est un des défis, à côté de l’évolution démographique, de la solidarité entre générations et de l’égalité entre les hommes et les femmes, auquel l’Union européenne ambitionne de répondre dans le cadre de la stratégie européenne pour l’emploi. Pour rappel, cette stratégie est constituée des programmes d’actions définis à l’occasion du Conseil européen de Lisbonne en 2000, le Conseil européen de Stockholm en 2001 et le Conseil européen de Barcelone en 2002.

 

Plusieurs conclusions sont mises en évidence par les auteurs de l’étude :

  • Les femmes actives âgées représentent une part croissante de la main d'œuvre dans l'Union européenne, et plus particulièrement le groupe des 55-64 ans. Les taux d'emploi des femmes actives âgées sont en augmentation dans toute l'Europe.
  •  Les femmes actives âgées travaillent souvent à temps partiel et sous contrat de travail intérimaire. De plus, les femmes de 55 ans ou plus se voient plus facilement proposer des contrats de travail précaires que les hommes de la même tranche d’âge.
  •  La discrimination salariale hommes/femmes continue à toucher les femmes actives, qu'elles soient âgées ou non.
  •  Les femmes continuent à être cantonnées à certains secteurs, notamment le travail social ou administratif, les services et la vente.
  • Les femmes âgées de 55 ans ou plus ont davantage de chance d'occuper un poste à responsabilités.
  • Lorsque des enfants sont encore à charge dans la famille, les femmes âgées remplissent plus souvent que les hommes un rôle double, celui de travailleuse et de mère de famille.
  • Peu d'entreprises accordent une importance particulière à la discrimination hommes/femmes, et peu d'éléments permettent de penser que les considérations s'y rapportant ont augmenté avec le temps. Cependant, l'augmentation du taux d'emploi des femmes actives âgées a incité certaines entreprises à introduire des politiques spécifiques, destinées à améliorer la vie de leurs employées les plus âgées, ainsi qu'à augmenter leur niveau de recrutement.
  • Les femmes continuent de partir plus tôt à la retraite que leurs collègues masculins. Cette situation ne devrait cependant pas perdurer dans les années à venir: du fait des besoins grandissants en main d'œuvre, les personnes âgées resteront actives plus longtemps.

 

Pour répondre à ces défis, l’Union européenne a engagé diverses actions et initiatives et formulé plusieurs préconisations:

  • Fixation d’objectifs très ambitieux en matière d’emploi des femmes : un taux d’emploi de 70% et 60% de femmes salariés d’ici 2010 (Conseil européen de Lisbonne de 2000). Et un taux d’emploi moyen dans l’UE de 50% pour la catégorie d’âge, hommes et femmes confondues, de 55 à 64 ans (Conseil européen de Stockholm en 2001). En 2002, le Conseil européen de Barcelone a renfoncé cette position en concluant « qu’il faudrait chercher d’ici 2010, à augmenter progressivement d’environ cinq ans l’âge moyen effectif auquel cesse, dans l’Union européenne, l’activité professionnelle » ;
  • Interdiction de toute discrimination fondée sur l’âge ;
  • Amélioration de la formation tout au long de la vie professionnelle pour encourager les personnes actives à travailler plus longtemps ;
  • Pour favoriser l’égalité hommes/femmes, et l’égalité des chances de façon générale, l’Union européenne a lancé plusieurs initiatives : à titre d’exemple, on peut citer l’adoption du Pacte européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (à l’occasion de la réunion du Conseil européen des 23 et 24 mars 2006), création de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (règlement du Conseil du 20 décembre 2006) et l’organisation, en 2007, de l’« Année européenne de l’égalité des chances pour tous »;
  • Meilleure prise en compte des besoins des familles en matière de garde d’enfants et d’aide aux personnes dépendantes.
  • Un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle ;
  • Une répartition plus équilibrée des responsabilités familiales et domestiques.

 

Les auteurs de l’étude relèvent ainsi que l’Union européenne privilégie une approche globale concernant le « cycle de vie professionnelle », en y incluant tous les aspects qui peuvent y exercer une influence.

L’étude répertorie par ailleurs, les « bonnes pratiques des entreprises » en matière de l’emploi des femmes.

Ainsi, par exemple l’entreprise Filter Services, en Pologne, qui emploie actuellement 200 salariés, dont 41% sont âgés de 46 ans ou plus, a mis en place une politique d’égalité entre les hommes et les femmes. Elle veille tout spécialement à améliorer les conditions de travail de ses employées, ainsi qu’à dynamiser leur formation. En outre, pour conserver ses salariés les plus âgés dont l’expérience est précieuse, l’entreprise a mis en place tout un dispositif de maintien dans l’emploi : passage à temps partiel, avantages santé, réadaptation professionnelle.

Un autre exemple de ces « établissements pour lesquels les politiques sont fortement influencées par une philosophie de responsabilité sociale de l’entreprise », est la coopérative d’employés espagnole Mataro Glassworks. En effet, cette entreprise participe à un réseau d’entreprises coopératives, piloté par la Confédération des Coopératives Catalanes. L’objectif est d’intégrer les travailleurs âgés de 50 ans ou plus au marché du travail, en particulier les femmes actuellement sans emploi, mais ayant déjà travaillé auparavant dans des entreprises de la région.

 

Enfin, l'étude conclut que "dans de nombreux domaines, l'amélioration de la situation des femmes actives au sein de l'UE est réelle. Cependant, des problèmes importants perdurent. Certaines insuffisances du marché du travail en matière d'égalité des sexes, telle que la sous-représentation des femmes dans les mesures relatives au marché du travail, peuvent être comblées grâce à une simple intervention politique. Pour d'autres lacunes, l'aide des partenaires sociaux sera nécessaire"