Dernière enquête ACEMO sur le dialogue social en entreprise : augmentation du nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

En 2018, les arrêts collectifs de travail connaissent une légère diminution par rapport à l’année précédente. Au contraire, le nombre de journées individuelles non travaillées (JINT) pour 1 000 salariés connait une nette augmentation, à laquelle participe le secteur du transport. Enfin, les rémunérations demeurent en tête des revendications évoquées. Tels sont les principaux résultats de l’enquête Acemo DSE[1] présentés par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) en mars 2021[2].

 

  • Légère diminution des arrêts de travail, mais intensification de la conflictualité

L’enquête révèle qu’en 2018, 1,5 % des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole déclarent avoir connu au moins une grève en 2018 dans l’entreprise ou l’un de ses établissements. Cela témoigne une légère baisse de 0,4 points par rapport à l’année précédente (1,9 % en 2017).

En revanche, l’intensité des grèves, estimée à partir de leur durée et du nombre de salariés qui y ont participé, équivaut à 107 journées individuelles non travaillées (JINT) pour 1 000 salariés, soit une hausse de 51 % par rapport à 2017 (71 JINT).

 

  • Évolution du nombre de jours de grève selon le secteur d’activité : forte hausse de conflictualité dans le secteur du transport

Selon la Dares, la forte augmentation du nombre de jours de grève dans le secteur du transport et de l’entreposage « est à l’origine de l’intensification de la conflictualité tous secteurs confondus ». Il s’avère que le nombre de JINT dans ce secteur passe de 304 en 2017 à 760 en 2018, soit une multiplication par 2,5 en un an. En revanche, la proportion d’entreprises ayant connu au moins une grève est de 2,1 %, soit une diminution de 0,9 point par rapport à 2017.

Dans l’industrie, 3,1 % des entreprises déclarent avoir connu au moins une grève en 2018. Cette proportion affiche ainsi une baisse de 0,7 point par rapport à l’année précédente, « mais reste bien plus élevée que dans les autres secteurs ». Au contraire, l’intensité des arrêts collectifs de travail augmente, passant de 134 JINT pour 1 000 salariés en 2017 à 145 en 2018.

Les secteurs du commerce, des transports et de l’hébergement-restauration connaissent des conflits bien plus intenses. Précisément, le nombre de JINT en 2018 équivaut à 219 jours, contre 96 en 2017. La proportion des entreprises du secteur ayant connu au moins une grève en 2018 reste toutefois quasi-identique à l’année précédente (de 0,8 %, soit -0,1 point).

Les autres services ainsi que le secteur de la construction connaissent une conflictualité toujours plus faible (respectivement, 25 JINT pour 1 000 salariés en 2018 contre 33 en 2017, et 4 JINT en 2018 contre 12 en 2017).

 

  • Les rémunérations, premier motif de grève

Les rémunérations occupent une place majeure dans les revendications des salariés : elles touchent 57 % des entreprises concernées par au moins une grève en 2018, tous secteurs confondus, soit une augmentation de 17 points par rapport à 2017. Elles sont suivies par les conditions de travail (28 %, après 26 % en 2017), l’emploi (15 %, après 14 %) et le temps de travail (13 % après 10 %).

70 % des entreprises ayant connu un arrêt collectif de travail dans le secteur du transport et de l’entreposage ont évoqué des revendications liées aux rémunérations. Les entreprises de ce secteur sont également celles à évoquer le plus souvent l’emploi comme motif de grève ( à 21 %).

Deux tiers des entreprises du secteur de l’industrie qui signalent une grève en 2018 ont connu des revendications liées aux salaires. Comparativement à l’année précédente, ce thème est davantage cité en 2018 (+ 21 points). Une tendance qui se dessine aussi pour les revendications portant sur l’emploi (+ 5 points sur un an) et les conditions de travail (+6 points). Toutefois, celles dernières sont deux fois moins présentes dans ce secteur que dans l’ensemble des entreprises privées non agricoles (14 % contre 28 %).

Les rémunérations constituent aussi le premier motif de grève cité par deux tiers des entreprises du commerce, des transports et de l’hébergement-restauration en 2018, suivies des conditions de travail (27 %). Le thème du temps de travail est davantage déclaré comme motif de grève par rapport à 2017 (18 % contre 10 %).

In fine, le thème des rémunérations figure en tête des revendications dans les autres services, quoique moins fréquent par rapport à l’ensemble des entreprises privées non agricoles (48 % des entreprises de secteur ayant connu au moins une grève contre 57 % en moyenne). Le secteur se distingue aussi par la fréquence des grèves liées aux conditions de travail (38 %, contre 28 % pour l’ensemble).