Crise sanitaire et relations sociales en entreprise : malgré un jugement positif sur l’année passée, des craintes subsistent

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Face à la crise actuelle, les entreprises tiennent bon. Tel est le sentiment partagé tant par les salariés que par leurs représentants dans une nouvelle enquête réalisée par l'Ifop pour le compte du cabinet Syndex, publiée le 18 mars 2021. Fruit de deux séries d’interviews réalisées auprès des salariés et des représentants du personnel[1][1], l’enquête fournit un état de lieux du dialogue social en 2021, soumis à rude épreuve après une année de crise sanitaire et économique.

 

  •  Situation économique de l'entreprise : un optimisme à relativiser

Selon les résultats de l’enquête, 74% des salariés et 75% des représentants considèrent que la santé économique de leur entreprise est « bonne », au même moment où seuls 19% des salariés et 23% des représentants la jugent « mauvaise ». Ces résultats semblent justifiés, selon le directeur de Syndex, par les fortes mesures de soutien économique mises en place qui font « qu’une large majorité des entreprises ne sont pas encore concernées par la crise ».

Or, chez les salariés et représentants du secteur du commerce, fortement impacté par la crise, cet optimisme présente une moindre ampleur avec un recul de 10 points, révèle le directeur de Syndex. Par ailleurs, côté représentants du personnel, la fatigue et les inquiétudes se font bien sentir : 62 % se disent fatigués, 53 % inquiets de l’impact de la crise en matière de dialogue social et 29 % en colère. Les conditions de travail, la santé et les risques psychosociaux s’imposent comme sujet de préoccupation tant pour les salariés que pour leurs représentants, à cause d’une détérioration du tissu relationnel entrainée par la crise.

 

  • Fonctionnement du CSE et action pendant la crise : un accompagnement jugé satisfaisant

Après trois ans de mise en place du comité social et économique (CSE) les inquiétudes des élus ont tendance à régresser, sans pourtant disparaitre. Il s’avère ainsi que 56% des élus se déclarent inquiets vis-à-vis du CSE dans leur entreprise (-9 points par rapport à 2019). Parmi leurs principales inquiétudes, la diminution du temps disponible pour accompagner les salariés et répondre à leurs questions présente un recul de 7 points (28 % des représentants se prononcent en ce sens, contre 35% en 2019), tout comme la diminution des moyens qui leurs sont alloués qui régresse de 11 points (25% des représentants se prononcent en ce sens, contre 36% en 2019).

 

Pour ce qui concerne les salariés, 66% d’entre eux ont une bonne image du CSE, redorée par la crise sanitaire. Ainsi, la majorité des salariés (60%) se déclare satisfaite de l’accompagnement par le CSE depuis le début de la crise du Covid-19.

 

Dans la même lignée, 65% des élus estiment que la direction se positionne bien vis-vis du CSE depuis le début de la crise. Ils constatent que cette période a été l’occasion d’expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement (60% des élus) et d’échange avec les salariés (55%) ainsi que d’identifier des nouveaux objets (56%). Il s’avère que, selon une majorité d’entre eux, la plupart des mesures mises en place depuis le début de la crise ont fait l’objet d’une consultation en amont du CSE : tel est le cas, entre autres, de la mise au point du plan de prévention sanitaire (66 %), de la mise en place du télétravail (52 %), de la reprise d’activité ou le recours à l’activité partielle (52 %). Au contraire, le pourcentage des élus consultés ou informés des réorganisations ou suppressions de postes était beaucoup plus faible (41 %). 

 

  • Dialogue social post crise : pas de réelles transformations attendues

Pour près d’une moitié des salariés et des représentas du personnel (45% et 56% respectivement) la crise actuelle ne modifiera pas le dialogue social, dont la qualité est jugée moyenne (note de 5,7/10 attribuée par les salaries et de 5,0/10 par les représentants). Un tiers d’entre eux anticipe même une détérioration du dialogue social (28% et 36% respectivement).

In fine, les salariés et leurs représentants se prononcent sur les sujets à traiter par le CSE pour la période qui s’ouvre. En tête de liste, se trouvent les conditions de travail (sujet jugé prioritaire pour 65% des salariés et 63% des représentants), suivies du management et les rémunérations (31% de salariés et 35% des représentants), de la sécurité au travail (24% et 24% respectivement) ainsi que de la santé et les risques psychosociaux (24% et 63%).  

 

 

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité des résultats de l’enquête Syndex Ifop (3e édition mars 2021), Etat du dialogue social en 2021. Le point de vue des salariés, des représentants des salariés et des directions :

https://www.syndex.fr/actualites/actualite/decouvrez-les-resultats-de-notre-enquete-syndex-ifop-sur-letat-du-dialogue 

 

 

[1]S’agissant des salariés, les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 18 au 25 janvier 2021 sur un échantillon de 1306 salariés français travaillant dans une entreprise de plus de 50 salariés du secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de sexe, d’âge, de catégorie socio-professionnelle, de secteur d’activité et de région d’habitation. S’agissant des représentants du personnel, les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 19 janvier au 3 février 2021 sur un échantillon de 1131 élus du personnel français, contactés sur la base d’un fichier fourni par Syndex.