Création du Réseau Francophone de formation en santé au travail.

Conditions du travail

- Auteur(e) : Hakim EL FATTAH

Le ministre du travail M. Xavier Darcos a lancé, lors d’une conférence de presse, le mercredi 16 septembre le Réseau Francophone de formation en santé au travail.

Issue des travaux* du professeur William Dab remis en juillet 2008, la création de ce réseau de compétences permettra la mise en place d’une formation minimale de tous les managers et ingénieurs dans le domaine de la santé au travail.

La finalité de ce réseau est ambitieuse : fournir les outils pédagogiques pour former à la santé au travail l’ensemble des cadres afin que la dimension « santé au travail » devienne aussi évidente aux managers que la qualité ou la productivité.

 

Discours de M. Xavier Darcos, 16 septembre 2009 : 

Monsieur l’administrateur général du CNAM, [Christian Forestier]

Monsieur le Professeur, [William Dab]

Monsieur le Directeur général de La Poste [Georges Lefebvre]

Mesdames et messieurs,

C’est avec plaisir que je vous accueille en cette salle des Accords du Ministère du Travail, pour lancer le réseau francophone de formation en santé au travail.

Je salue le rôle du Conservatoire national des arts et métiers, acteur de longue date de la santé au travail, qui animera ce réseau en lien avec la direction des risques professionnels de la CNAM et de l’INRS. _ Je connais la devise du CNAM : « Docet omnes ubique » : « Il enseigne à tous et partout ». Je suis heureux qu’il mette cette ambition au service d’un défi de taille pour notre société, améliorer la santé des travailleurs, et ce non seulement au niveau national, mais aussi avec les pays francophones.

Vous l’avez rappelé, le lancement de ce réseau, créé par les ministères en charge du travail (DGT), de l’enseignement supérieur (DGESIP) et de la formation professionnelle (DGEFP), s’inscrit dans la continuité des deux conférences sur les conditions de travail de 2007 et 2008.

Avec la préparation du 2ème Plan Santé au Travail que je mènerai cet automne avec les partenaires sociaux, il traduit la politique ambitieuse que nous menons au Gouvernement, avec l’ensemble des acteurs concernés, pour poursuivre la modernisation de notre système de santé au travail et faire reculer les grands risques professionnels.

Je ne peux oublier non plus, bien sûr, l’actualité très sombre de ces derniers jours, marquée par les suicides de plusieurs salariés sur leur lieu de travail. Même si nous sommes là au paroxysme de la souffrance au travail, et que de nombreux paramètres entrent en ligne de compte, nous ne pouvons éviter d’intégrer ce sujet à notre réflexion. Je souhaite que l’effort de formation que va permettre ce réseau puisse contribuer à l’action qui est la nôtre pour éviter de tels drames.

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Si l’on veut obtenir des résultats significatifs et irréversibles en termes de santé au travail, il faut impliquer le management et tous les salariés de l’entreprise, de la base au sommet. En effet je ne pense pas que les problèmes de santé au travail ne concernent que les seuls médecins. Je pense au contraire que pour améliorer le bien-être et les conditions de travail, il est nécessaire de mieux former les ingénieurs, les managers et les responsables dans le milieu professionnel.

La chaîne managériale est en quelque sorte la colonne vertébrale de la plupart des entreprises. Je suis convaincu, comme nous tous ici, que la qualité de vie au travail n’est pas seulement nécessaire pour la bonne santé des travailleurs, mais qu’elle contribue aussi à la performance et à la compétitivité des entreprises.

C’est pourquoi la création d’un réseau de compétences doit permettre de mettre en place une formation minimale de tous les managers et ingénieurs dans le domaine de la santé au travail.

Comme l’a préconisé dans son rapport le Professeur Dab, que je salue, notre pays dispose d’un grand nombre de compétences en ce domaine : organismes publics, organisations professionnelles, centres de formation, entreprises… Je pense par exemple à l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, à l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics, à l’Institut de veille sanitaire, à l’Afsset, aux associations professionnelles… Malheureusement ces compétences ne sont pas fédérées autour d’une organisation commune. C’est pourquoi je suis heureux que le RFFST joue ce rôle et permette tant de clarifier les responsabilités que de coordonner les initiatives.

Nous lui donnons en outre une mission ambitieuse : fournir les outils pédagogiques pour former à la santé au travail l’ensemble des cadres, soit environ 5 millions de personnes diplômées des grandes écoles d’ingénieurs, de commerce ou des universités.

Je veux que la santé au travail devienne aussi importante aux yeux des managers que la qualité ou la productivité. Je ne leur demande pas, bien sûr, de devenir des experts en santé au travail, ce n’est pas leur rôle. En revanche je pense qu’ils doivent connaitre les notions de base et maîtriser un minimum d’outils en ce domaine. Le RFFST devra donc élaborer, actualiser et mettre en œuvre un référentiel de compétences en santé au travail. C’est le CNAM qui servira de plateforme au réseau et qui veillera à ce que la contribution de chaque membre soit diffusée et reconnue.

Ainsi au niveau national, ce référentiel doit être diffusé largement aux écoles et organismes de formation, ainsi qu’au niveau des entreprises. Mais plus largement aussi, ce réseau a vocation à s’ouvrir aux pays francophones. Le référentiel doit être porté au niveau de l’Europe, afin de définir un espace commun de formation en santé au travail. Ce socle minimum de compétences doit permettre aux cadres d’intégrer la dimension santé au travail dans leur activité

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Mesdames et messieurs, diffuser un référentiel ne suffit pas, encore doit-il être vivant, c’est-à-dire régulièrement actualisé en fonction des évolutions du monde du travail : nouvelles organisations (comme les travailleurs isolés) ou nouveaux dangers (stress au travail). Je remercie le CNAM de mettre son savoir-faire, ses valeurs et son expérience au service de cet objectif, pour toujours mieux former les responsables sur le sujet de la santé au travail, tant en formation initiale qu’en formation continue.

J’insiste également sur l’innovation dont peuvent faire preuve les managers dans leur entreprise, afin d’évaluer au plus près l’efficacité des actions de prévention en santé au travail. Je pense par exemple à l’observatoire de la santé au travail créé au sein du groupe La Poste. C’est une initiative encourageante : une grande entreprise se dote d’un outil de pilotage pour suivre et améliorer la santé au travail de ses salariés.

Je terminerai en vous faisant part d’une conviction. Je pense que le travail doit rester un élément essentiel du développement et de l’épanouissement de l’homme et de son identité. Devant la multiplication des changements dans le monde du travail, en termes d’organisation, de risques professionnels, et en particulier dans le contexte de crise actuelle, former les responsables à améliorer la santé, la sécurité et le bien-être au travail, ce n’est pas seulement un enjeu pour le monde du travail. C’est aussi, et peut-être même surtout, un enjeu pour l’ensemble de notre société.

Je vous remercie.

 

*Rapport disponible en document joint.