Réforme de retraite : l’impact de l’âge de départ et de l’assurance chômage sur les stratégies des entreprises pour se séparer des séniors

Emploi
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- Auteur(e) : Altina POTOKU

 Les principales mesures annoncées par la réforme des retraites 2023 

Le projet de Loi de Financement Rectificative de la Sécurité Sociale(PLFRSS) pour 2023 en cours de discussion prévoit plusieurs réformes du système de retraite : 

 

  • Un décalage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ;
  • Une accélération de la hausse de la durée d’assurance avec 43 annuités nécessaires pour bénéficier d’une retraite à un taux plein dès 2027
  • Des adaptations du dispositif de carrière longues.

 

 

 

Une étude réalisée par l’Unédic, publiée le 1er mars 2023, met en évidence que l’âge de départ à la retraite et les règles d’assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises pour se séparer de leurs salariés seniors.

 

Les seniors et le marché de travail 

L’étude a constaté que le taux d’emploi se réduit avec l’âge, cette hausse progressive de l’inactivité, selon l’étude pourrait s’expliquer par des problèmes de santé plus fréquents avec l’avancée de l’âge. De plus, les départs en retraite s’accélèrent à partir de 60 ans, note l’Unédic.

 

L’impact de la réforme de retraite sur les ruptures conventionnelles entre 2010 et 2022 éclairant l’impact de la prochaine réforme 2023 à venir

Dans cette étude dressant les grands enjeux de l’articulation entre retraites et assurance chômage, L’Unedic constate une hausse importante en 2021, à 59 ans, des ruptures conventionnelles, entre l’entreprise et son salarié. Il faut noter que les ruptures conventionnelles donnent droit à des indemnités chômage. C’est le code du travail (art. L.5421-4) qui prévoit que l’indemnisation peut être perçue jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite.  A l’approche de la retraite, l’Unedic observe donc une baisse de cotisations chômage et une hausse des allocations versées. Cette situation reflète le marché du travail, c’est-à-dire que l’âge légal de départ à la retraite entraine, un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant, ce qui correspond à la durée d’indemnisation chômage dont pouvaient bénéficier les plus de 55 ans.

 

Les dépenses d’indemnisations chômage des plus de 55 ans ont augmenté de 38 % 

Pour exemple, les dépenses d’indemnisation pour les allocataires de 55 ans et plus ont augmenté de 38 % depuis 2010 (réforme décalant l’âge légal de 60 à 62 ans), soit environ, chaque année, 100 000 allocataires indemnisés de plus entre 2010 et 2022, constate l’Unédic.  Des  allocataires supplémentaires âgés de 60 ans et plus dont 65 000 entre 60 et 61 ans, ont ainsi été enregistrés entre 2010 et 2022.

En effet, en 2010, alors que l’âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57 ans. Avec la nouvelle la réforme de 2023, ce pic devrait se voir décaler selon l’étude, avec les nouvelles règles en assurance chômage, qui ont réduit depuis le 1er février la durée d’indemnisation maximale de 25 % pour les nouveaux entrants au chômage, soit vingt-sept mois au lieu de trente-six pour les plus de 55 ans.  Dans cette étude, l’Unédic analyse aussi les répercussions de la réforme des retraites de 2010 qui avait décalé de deux ans l’âge de départ à 62 ans, pour se projeter sur les conséquences de la nouvelle réforme 2023.

En conséquence, l’étude expose avec clarté, que la réforme de retraite, dont l’objectif principal fixé, est celui de la réalisation d’économies, risque avec les stratégies susceptibles d’être mises en places (ruptures conventionnelles) par les entreprises, d’augmenter les dépenses d’indemnisations chômage des plus de 55 ans. Le même phénomène étant produit avec la réforme des retraites de 2010.