Les accidents du travail en 2019 : une hausse inquiétante

Qualité de vie au travail
Conditions du travail

- Auteur(e) : Altina POTOKU

En vertu de l'article L.411-1 du Code de la sécurité sociale), un accident du travail est un accident survenu à un salarié par le fait ou à l’occasion de son travail, quelle qu’en soit la cause, et qui entraîne l’apparition soudaine d’une lésion.

Dans cette étude la DARES a constaté que 783 600 accidents de travail ont été comptabilisés en France. Parmi ces accidents du travail, certains entraînent une incapacité permanente (39 650), et d’autres ont également coûté la vie aux salariés victimes d’accident de travail (790 morts).

Cependant, l’étude démontre que plusieurs facteurs peuvent influer l’accidentologie. Les accidents du travail varient en fonction des secteurs, des métiers ou encore des caractéristiques individuelles des salariés.

 

Les secteurs d’activité les plus affectés

 

Certains secteurs d’activité ont été plus touchés que d’autres. Par exemple, dans l’intérim, la fréquence des accidents de travail est très élevée (39,3 accidents de travail par million d’heures salariées). Les intérimaires sont donc exposés à un risque d’accidents de travail bien plus élevé que les salariés, dû au fait que ces derniers exercent des prestations de travail, dans des secteurs à risque. La construction se présente également comme un secteur connaissant une grande fréquence des accidents du travail. C’est dans ce secteur que survient le plus grand nombre d’accidents du travail graves entraînant une incapacité partielle permanente (52 245). De plus, c’est dans la construction qu’il y a eu le plus grand nombre d’accidents du travail mortels (164). Toutefois, d’autres secteurs d’activités avec un risque important d’accident du travail sont concernés, comme l’agriculture, l’industrie et celui des services (transports et entreposage, hébergement médico-social, etc).

  •  Il en ressort de cette étude qu’en fonction du secteur d’activité auquel appartient le salarié, il n’est pas exposé au même risque et à la même fréquence des accidents du travail.

 

Une variation des accidents du travail en fonction de l’âge et du sexe des salariés  

 

Les accidents du travail sont plus fréquents chez les jeunes mais plus graves chez les seniors. La fréquence des accidents du travail pour les jeunes salariés (pour les moins 20 ans) est nettement double par rapport à celle des seniors (entre 50 et 59 ans).  Ce résultat obtenu est dû au fait que les jeunes salariés travaillent plus dans des secteurs d’activités à risque que leurs aînés.  Toutefois, lorsque les seniors sont victimes d’accidents du travail, ces derniers sont plus graves, comme l’a montré l’augmentation de la durée des arrêts de travail, avec l’âge.

Néanmoins, les hommes sont plus touchés par les accidents du travail graves que les femmes. Ce résultat s’explique par le fait que pour certains métiers qui sont exposés à un grand risque d’accidents du travail, ce sont les hommes qui les dominent. Par exemple, il y a beaucoup plus d’ouvriers que d’ouvrières.

 

Un métier plus touché que les autres

C’est le métier d’ouvrier qui rencontre un grand nombre et une fréquence d’accidents graves ou mortels. Le métier d’ouvrier a fait face à 1813 accidents graves et 46 accidents mortels, en 2019.  Ces chiffres pointent l’évidente responsabilité des employeurs, qui est celle d’assurer la sécurité et la santé au travail. Cette étude de la DARES devrait sensibiliser les employeurs à augmenter les conditions de sécurité des travailleurs.

 

Une hausse des accidents du travail ?

Ces dernières décennies, une baisse importante du nombre des accidents graves et mortels a été enregistrée grâce aux actions menées, mais, depuis 2010, un plancher semble avoir été atteint”, relève le secrétariat d’État  Laurent Pietraszewski dans son plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels [1]. En effet, depuis dix ans, le nombre d’accidents et leur indice de fréquence ne baissent plus, à part en 2020 où le nombre d’accidents du travail s’est réduit de 17,7 %. L’accès facile à l'information, les réglementations protectrices en matière d’accident du travail, les campagnes de sensibilisation laissent présager que les salariés seraient moins craintifs à l’idée de déclarer un accident de travail. Ceci dit, cette hausse peut-être liée au fait que la souffrance au travail se soit encore accrue et que les travailleurs ne soient pas suffisamment protégés des risques.

 

[1]: planaccidentstravailgravesmortels2022-2025.pdf (travail-emploi.gouv.fr)