Le marché du travail durant la crise sanitaire (Dares et Insee)

Qualité de vie au travail
Organisation du travail
Conditions du travail

- Auteur(e) : Ali-Mehdi OUCHERIF

Dans différentes publications en date du 30 juin 2022, l’Insee et la Dares présentent un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail durant la crise sanitaire.

La première publication porte sur l’organisation et la durée du travail pendant la crise sanitaire tandis que la seconde porte sur les conséquences de la crise sanitaire et sur les conditions de travail selon les métiers.

Il ressort de ces publications plusieurs points :

 

De manière globale, en matière de temps de travail dans les différents secteurs :

•          Lors du premier confinement, le temps de travail effectif des salariés à temps complet a baissé de 9,9 heures en moyenne par semaine par rapport à 2015-2019 à la même période.

•          Une baisse moyenne du temps de travail effectif a pu être observée du fait que de nombreux salariés n’ont pas travaillé durant cette période.

•          Les fermetures obligatoires dans le secteur de la restauration par exemple ont provoqué une sollicitation plus faible tandis que d’autres secteurs ont connu une sollicitation plus intense comme le secteur pharmaceutique.

•          Les salariés des secteursà temps complet concernés par les fermetures ont travaillé en moyenne seulement 4,1 heures de moins par semaine et ont vu reculer de 3 points les prises de congés depuis 2019.

•          Les secteurs concernés par les fermetures regroupent 31% des salariés et ont recouru de manière plus forte au chômage partiel.

•          La famille de secteurs où figurent la construction et l’industrie de l’habillement regroupe 7 % des salariés. Celle-ci a recouru au chômage partiel à hauteur de 94 % des entreprises lors du premier confinement. La sécurité des salariés est la raison invoquée pour avoir recours au chômage partiel dans 40 % des cas pour les entreprises en avril 2020.

•          La prise de congés fut imposée pour 48% des salariés issus des secteurs de la construction et de l’industrie de l’habillement.
Néanmoins, dans l’ensemble des secteurs la prise de congés fut imposée pour 35% des salariés. Cela a conduit à une augmentation de 2 points de la part de salariés ayant pris des congés par rapport à 2019 entre le début de la crise sanitaire et juin 2020.

•          Les employeurs ont signé plus d’accords collectifs sur le temps de travail permettant principalement d’imposer la prise de congés mais aussi d’instaurer le chômage partiel dans l’entreprise.

•          La famille de secteurs où figurent le commerce de gros non alimentaire et l’industrie automobile regroupe 11 % des salariés. Ce secteur a recouru au chômage partiel à hauteur de 85 % des entreprises et 39 % des salariés. Dans les autres secteurs, 41 % des salariés y ont recours. 57% des entreprises qui ont recours au chômage partiel affirment subir des « problèmes de débouchés » liés aux mesures sanitaires.

•          Les secteurs d’activité de la famille des commerces et services essentiels ont seulement 1,8 heure travaillée de moins par salarié à temps complet pendant le premier confinement.

 

Sur les modalités d’exercice de l’emploi dans les différents métiers et secteurs :

 

•          Le recours au télétravail a permis de maintenir l’activité professionnelle des salariés avec pour conséquence 29% des salariés au chômage partiel au moins une demi-journée pendant la semaine de référence.

•          Les salariés non-cadres ont été deux fois plus concernés que les cadres par le recours au télétravail.

•          Le recours au télétravail a doublé lors du premier confinement, ce qui a poussé les entreprises à mettre en place de nouvelles règles en la matière.

•          Dans les secteurs où l’activité peut se faire en télétravail dans des domaines tels que l’informatique par exemple, 34 % des entreprises de ces secteurs ont eu recours au chômage partiel en avril 2020. Ce groupe de métiers rassemble 19% des salariés, dont 75 % d’entre eux ont travaillé à domicile pendant le premier confinement.

•          Lors du premier confinement, les employeurs de 13 % des salariés pour laquelle l’activité peut se faire en télétravail dans des domaines tels que l’informatique par exemple ont mis en place un accord collectif sur le télétravail, contre 9 % dans l’ensemble des secteurs.

•          Les travailleurs du groupe de métiers dits essentiels au travail intense travaillent principalement sur site avec seulement 18 % de personnes qui pratiquent le télétravail début 2021.

•          Les salariés travaillant sur site avec une autonomie limitée représentent 17 % des personnes en emploi. Les métiers de cette catégorie nécessitent souvent un travail en présentiel, justifiant une part de 7 % de salariés qui pratiquent le télétravail début 2021.

•          24 % des personnes en emploi début 2021 font partie du groupe des métiers avec une pratique modérée du télétravail. Au sein de cette catégorie, 43 % des personnes télétravaillent début 2021, laissant la place à une activité sur site en marge du recours à ce mode alternatif de travail.
Ces travailleurs sont salariés à 94 % en CDI ou fonctionnaires contre 84 % pour l’ensemble des groupes. Ils sont aussi à 71 % à travailler dans le secteur privé.

 

 

Concernant les différentes mobilités entre les secteurs d’activité :

• Au premier semestre 2020, 14 % des salariés ne sont plus en emploi dans leur secteur d’activité. En 2021, la moitié d’entre eux ont changé de secteur tandis que l’autre moitié sont sortis de l’emploi.

• La mobilité ne change pas du fait de la crise sanitaire, en effet, les changements de secteurs d’activité demeurent toujours aussi fréquents parmi les moins de 25 ans, les employés, les salariés en CDD et ceux qui ont peu d’ancienneté dans le poste.

• La mobilité n'est pourtant pas la même selon les secteurs, par exemple dans la famille des commerces et services essentiels, 11 % des salariés ne travaillent plus dans le même secteur d’activité au premier semestre 2021.

• Près d’un salarié sur deux ayant changé de secteur d’activité a retrouvé un emploi proche du précédent dans la famille des emplois concernés par les fermetures obligatoires.

• Dans les secteurs de la famille confrontée à des problèmes de débouchés, 4 % des salariés ayant été au chômage partiel ont changé de secteur, contre 8 % de ceux n’ayant pas bénéficié du recours au chômage partiel. Dans ce groupe, la part de personnes mobiles provenant d’autres secteurs est passée de 5 % à 13 % entre le premier semestre 2020 et 2021.

• 77 % des personnes déclarent que l’intensité de leur travail par rapport à l’avant crise n’a pas changé tandis que 21 % considèrent qu’elle a augmenté et 2 % qu’elle a diminué