Absentéisme au travail : une augmentation tendancielle confirmée

Qualité de vie au travail
Conditions du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

En 2021, l’absentéisme a été au centre des préoccupations des entreprises. Tel est le principal enseignement du 1er baromètre absentéisme du courtier en assurances Verlingue, publié le 28 juin dernier.  Réalisé sur la base des données observées sur un portefeuille clients (282 000 assurés) entre 2018 et 2021, ledit baromètre entend « proposer les bonnes clés de lecture afin de maîtriser et piloter ce sujet impactant et structurant de la vie de l’entreprise ».

  • Maintien du taux d’absentéisme à des niveaux élevés

En 2021, le taux d’absentéisme s’élève à 5,5%, alors qu’il atteignait 5,7% en 2020 et 4,8% en 2019, soit une progression de 14,7 % par rapport à 2019. Le baromètre anticipe un taux d’absentéisme à 5,6 % en 2022. Entre 2019 et 2021, le pourcentage de salariés arrêtés au moins une fois au cours de l’année augmente de 3 points (passant de 35% à 38%) et la durée d’absence moyenne augmente de 2,6 jours (passant de 36,2 jours à 38,8 jours). En revanche, la fréquence des arrêts de travail reste à des niveaux très similaires à ceux de l’année 2019.

Si la crise sanitaire est un facteur à ne pas négliger, avec une aggravation du taux d’absentéisme constatée lors de la 5ème vague Covid, son impact est « à décorréler de la hausse structurelle du taux d’absentéisme constatée sur les 3 dernières années ». Selon les estimations de l’étude, le taux théorique d’absentéisme (sans effet Covid) serait établi à 5,1 %.

  • Le coût du maintien de salaire pour les entreprises

En 2021, l’absentéisme (5,5%) coûte 3,3 % de la masse salariale, soit 85 € par jour d’absence et 3 293 € par an par salarié absent. Cela représente une augmentation de 27 % par rapport à 2018. Ce sont les arrêts longs qui impactent directement sur ce coût : alors qu’ils représentent 13 % des arrêts, ils pèsent pour 69 % de la durée totale des absences en 2021.

  • Un absentéisme croissant avec l’âge, le sexe, la CSP

L’âge constitue un des facteurs majeurs qui expliquent des taux élevés d’absentéisme : plus un salarié est âgé, plus il est absent. C’est ainsi que les salariés de 25 à 30 ans sont moins concernés par l‘absentéisme (4,2%), tandis que les salariés de 55 à 60 ans connaissent un fort taux d’absentéisme (8,2%). Il en est de même pour la gravité des arrêts et le coût du maintien de salaire : la durée d’absence des plus de 55 ans est doublée par rapport aux moins de 30 ans, pour un coût moyen multiplié par 3.

Le sexe et la CSP entrent également en ligne de compte. En 2021, les employés-ouvriers sont plus exposés à l’absentéisme que les cadres-agents de maitrise (respectivement 7,1% et 3,1%). Il en est de même pour la répartition du taux d’absentéisme entre hommes et femmes : 4,6% pour les premiers, contre 6,8% pour les deuxièmes.

  • Des disparités selon le secteur et la taille de l’entreprise

En 2021, les secteurs de la santé et de l’agroalimentaire constituent les secteurs les plus impactés, avec respectivement des taux d’absentéisme de 7,7 % et de 7,1 % (soit une progression de 18% par rapport à 2019 dans les deux cas), suivis par le commerce (5,8 %). En revanche, l’industrie, le BTP et les services enregistrent des taux d’absentéisme moins élevés que la moyenne nationale (5,5%) : respectivement 5 %, 4,2 % et 3,9 %. Néanmoins, le baromètre porte une attention particulière sur la forte progression du taux d’absentéisme dans le BTP (+ 30 ,7 % par rapport à 2019).

Le taux d’absentéisme augmente aussi avec la taille de l’entreprise. Si les entreprises de 0 à 150 salariés enregistrent des taux plus bas (4,4%), celles de 500 à 750 salariés et de 750 à 1 000 salariés présentent des taux plus élevés (respectivement 6,1% et 6,4%). En revanche, les entreprises de plus de 1000 salariés connaissent un taux d’absentéisme plus faible (5,8 %), signe d’une efficacité des politiques de prévention mises en place.

Vous trouverez, ci-après, l’intégralité du 1er Baromètre Absentéisme Verlingue, 28 juin 2022.