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Lettre d'information n°151 Mars 2024

Edito

La question de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et celle de la non-discrimination est souvent abordée sous l’angle de la rémunération, comme cela a été notamment le cas dans notre dernière lettre.
Nous avons souhaité ce mois-ci aborder ces questions sous un angle différent, celui de la santé au travail des femmes. Les répercussions du travail sur la santé des femmes sont encore mal connues et sous-estimées. Elles constituent pourtant un enjeu d’égalité professionnelle voire un nouveau champ de conquêtes sociales pour reprendre les propos des rapporteures d’un Rapport d’information du Sénat dont vous trouverez les points essentiels et les principales recommandations dans cette Lettre.


Seront aussi présentés une sélection d’accords qui proposent des mesures visant à préserver et à améliorer la santé et le bien être des femmes au travail, ainsi que le guide de l’ANACT sur l’endométriose et le travail.
Vous trouverez dans cette Lettre le compte rendu de l’entretien que nous a accordé Pascale Lorber, Professeure Associée de droit à l’Université de Leicester. Elle nous fait part de son analyse sur la protection des femmes lors de la ménopause au Royaume-Uni.


Vous découvrirez enfin une sélection bibliographique sur le thème abordé, ainsi que l’annonce de deux évènements : le colloque La diversification du droit de la nondiscrimination au travail en Europe, organisé le 25 juin 2024 par l’équipe de droit social du laboratoire Droit, religion, entreprise et société de l’Université de Strasbourg et l’exposition Les dessinateurs du peuple, issue du livre de recherche du sociologue Henri Pinaud qui est à voir jusqu’à la fin du mois de septembre à l’Institut du travail de Strasbourg.


Bonne lecture


LES BREVES

Plusieurs mesures ont été annoncées par l’exécutif pour assurer l’égalité entre les femmes et les hommes.
  • Le « congé de naissance »

Le remplacement du congé parental par un congé de naissance de 6 mois pour les deux parents, plus court mais mieux indemnisé, devrait être mis en place dès 2025. Le gouvernement vient d’entamer une nouvelle concertation sur les contours de ce dispositif.

Le cadre général de la réforme a d’ores et déjà été posé par Emmanuel Macron, dans un entretien au magazine Elle, paru le 8 mai. « Trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l’enfant, et indemnisés à hauteur de 50 % du salaire jusqu’au plafond de la Sécurité sociale », soit 1 900 euros, a précisé le président de la République, qui a redit sa volonté d’en faire un instrument de relance de la natalité.

Ce nouveau congé, qui ne se substitue pas au congé maternité, d’une durée de seize semaines, et au congé paternité, de vingt-huit jours, devrait entrer en vigueur « fin 2025 ». Il figurera dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, discuté à la rentrée de septembre, a assuré la ministre déléguée à l’enfance, à la jeunesse et aux familles, Sarah El Haïry, dans une interview à La Tribune Dimanche.

 

  • Sanctions renforcées en cas de résultat insuffisant à l’index égalité

Les entreprises qui ont un score inférieur à 75/100 ou qui refuseraient de le calculer ou de le publier n’auront plus accès aux marchés publics. Cette mesure, intégrée au plan 2023-2027 pour l’égalité entre les femmes et les hommes, devrait être mise en place d’ici la fin du quinquennat.

 

  • Création d’un outil statistique sur les inégalités de début de carrière

Le gouvernement souhaite créer un nouvel indicateur statistique permettant de mesurer au sein de chaque filière les écarts de rémunérations lors du premier salaire.  Ce nouvel outil devra être mis en place et géré directement par l’Etat. Des sanctions sont envisagées.

 

  • Proposition de loi sur le congé menstruel

Une proposition de loi n°2227 visant à reconnaître et protéger la santé menstruelle et gynécologique dans le monde du travail a été déposée le 20 février et examinée le mercredi 27 mars 2024 par la Commission des affaires sociales de l’assemblée nationale. Sonarticle 1er permettait notamment aux femmes atteintes d’endométriose de pouvoir obtenir par un médecin généraliste ou spécialiste, une sage-femme ou médecin du travail une prescription d’arrêt de travail, valable pendant une durée d’un an l’autorisant à ne pas travailler pendant maximum 13 joursen casd’incapacité physique de continuer le travail du fait de la maladie. De plus, le délai de carence était supprimé pour ces arrêts de travail et l’indemnité journalière accordée donc sans délai. Cette réforme n’a pas abouti. En effet, la commission rejette cet article 1er. Ne reste alors dans la proposition de loi que les mesures autour de l’aménagement du temps de travail et le recours au télétravail des femmes atteintes de règles douloureuses et incapacitantes. En d’autres termes, les salariées souffrant d’endométriose peuvent bénéficier d’une organisation en télétravail.

La commission intègre par ailleurs un nouvel article dans lequel le Gouvernement remettra, dans les 18 mois à compter de la promulgation de la loi, puis tous les 2 ans, au Parlement un rapport portant sur la reconnaissance et la prise en charge de la santé menstruelle et gynécologique dans le monde du travail. Ce rapport s’attache notamment à évaluer la mise en œuvre de l’arrêt pour menstruations incapacitantes ainsi que le développement de données présentées par genre croisées et leur exploitation dans la conception et la mise en œuvre des politiques de santé au travail. Les charges portées par l’Etat, les organismes de sécurité sociale et les collectivités territoriales seront alors compensées à due concurrence par la majoration de l’accise sur les tabacs.

Le texte sera de nouveau examiné en séance dans les prochaines semaines.

A noter,qu’il existe déjà des dispositifs similaires dans plusieurs établissements publics et entreprises françaises, fruit de la négociation collective, ainsi que dans d’autres pays comme en Espagne.

 

 

Deux documents du Sénat ont été consacrés récemment à la santé des femmes au travail.
  • Une proposition de loi visant à améliorer et garantir la santé et le bien-être des femmes au travail.

https://www.senat.fr/rap/l23-314/l23-314.html

  • Un rapport, Santé des femmes au travail : des maux invisibles.

https://www.senat.fr/rap/r22-780-1/r22-780-1.html

 


Article
« Santé des femmes au travail : chausser systématiquement les lunettes du genre » L’essentiel du rapport du Sénat sur la santé des femmes au travail

Le 27 juin 2023, le Sénat a publié un rapport d’information au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre sur la santé des femmes au travail. Il a été rédigé par quatre sénatrices, Mmes Laurence COHEN, Annick JACQUEMET, Marie-Pierre RICHER et Laurence ROSSIGNOL.

Intitulé Santé des femmes au travail : des maux invisibles, ce rapport met l’accent sur l’invisibilisation des répercussions du travail sur la santé des femmes et de la sous-estimation des difficultés associées à la santé sexuelle et reproductive des femmes.

Il s’appuie sur des auditions de personnes expertes, des contributions écrites et de déplacements sur le terrain afin de mettre des mots sur ces maux et de rendre visible « l’invisible qui fait mal ».

Les rapporteures formulent 23 recommandations autour de trois grands axes :

  • Chausser systématiquement les lunettes du genre
  • Développer et adapter la prévention à destination des femmes
  • Mieux prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail, en particulier les pathologies menstruelles incapacitantes et les symptômes ménopausiques.

Ces recommandations sont présentées ci-dessous sous forme de tableau :

PENSER LA SANTE AU TRAVAIL AU FEMININ

CHAUSSER SYSTEMATIQUEMENT LES LUNETTES DU GENRE : DIFFERENCIER N’EST PAS DISCRIMINER

Recommandation n° 1

Développer l’élaboration et l’exploitation, par les organismes producteurs de statistiques publiques, de données sexuées et croisées sur la sinistralité au travail.

Recommandation n° 2

Faire de l’approche genrée de la santé au travail et de la conception de politiques de prévention spécifiquement dédiées aux femmes un des axes stratégiques principaux du prochain PST (2026-2030).

Recommandation n° 3

Sur le modèle du plan régional de santé au travail (PRST) de Bretagne, encourager l’ensemble des régions à intégrer, au sein de leur PRST, une analyse différenciée de l’évaluation des risques en fonction du sexe et des actions spécifiques dédiées à la prise en compte de la santé des femmes au travail dans toutes ses dimensions

Recommandation n° 4

 

Faire appliquer par les employeurs l’obligation légale d’un Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) genré et les inciter à intégrer dans ce document des risques auxquels les femmes sont plus particulièrement exposées, tels que les violences sexuelles et sexistes au travail, les risques psychosociaux ou les TMS.

Recommandation n° 5

Inscrire dans le code du travail l’obligation d’une approche sexuée des risques professionnels au sein des fiches d’entreprise établies par la médecine du travail, par parallélisme avec le DUERP.

Recommandation n° 6

Former les professionnels de santé, et en premier lieu les médecins du travail, l’Inspection du travail, l’ensemble des préventeurs et les DRH à une approche genrée de la santé au travail.

DÉVELOPPER ET ADAPTER LA PRÉVENTION

Recommandation n° 7

Élaborer une Stratégie nationale globale pour la santé des femmes incluant un volet « santé au travail » et renforcer le rôle pivot de la médecine du travail dans le suivi de la santé des femmes au travail

Recommandation n° 8

Généraliser le développement de maisons des soignants sur tout le territoire.

Recommandation n° 9

Adapter les mesures de prévention primaire et secondaire aux caractéristiques anthropométriques et aux conditions de travail des femmes, notamment dans les secteurs à prédominance féminine.

Recommandation n° 10

Renforcer les sanctions légales à l’encontre des employeurs ne respectant pas les obligations d’aménagement de poste après un arrêt de travail de longue durée.

Recommandation n° 11

Renforcer les moyens humains, notamment ceux de la médecine et de l’inspection du travail, dédiés au contrôle de l’application par les employeurs des mesures de prévention et de santé au travail.

Recommandation n° 12

Encourager l’accès de toutes les femmes aux services de prévention et de santé au travail dans le cadre de leur parcours professionnel.

Recommandation n° 13

Faciliter la reconnaissance en maladie professionnelle, d’une part, du cancer du sein en lien avec le travail de nuit, d’autre part, du cancer des ovaires en lien avec une exposition à l’amiante.

Recommandation n° 14

Revoir la liste des critères de pénibilité en l’adaptant à la réalité des risques professionnels féminins.

SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE AU TRAVAIL : NOUVEAU CHAMP DE CONQUÊTES SOCIALES POUR LES FEMMES ?

LA PRISE EN CHARGE DE L’ENDOMETRIOSE ET DES PATHOLOGIES MENSTRUELLES INCAPACITANTES AU TRAVAIL : UN ENJEU D’EGALITE PROFESSIONNELLE

Recommandation n° 15

Ajouter l’endométriose à la liste des affections de longue durée (ALD 30), permettant de supprimer le délai de carence et donc les pertes financières en cas d’arrêts de travail répétés.

Recommandation n° 16

Généraliser la mise en œuvre du programme ENDOpro, développé par la Fondation pour la recherche sur l’endométriose, aux employeurs privés et publics.

Recommandation n° 17

Inciter les branches à négocier des mesures d’aménagement des conditions de travail des femmes atteintes de pathologies menstruelles incapacitantes (poste de travail, temps et horaires de travail, évolution de carrière).

LA GROSSESSE, UN ETAT DE SANTE PARTICULIER, QUI FAIT L’OBJET D’UNE STIGMATISATION PERSISTANTE AU TRAVAIL

Recommandation n° 18

Assurer une meilleure communication des employeurs auprès des femmes enceintes sur l’ensemble de leurs droits pendant la grossesse.

LE PARCOURS, TOUJOURS SEME D’EMBUCHES, DE L’ASSISTANCE MEDICALE A LA PROCREATION (AMP) POUR LES FEMMES QUI TRAVAILLENT

Recommandation n° 19

Étendre le régime des absences autorisées par la loi, dans le cadre d’un parcours d’AMP, afin notamment de permettre un accompagnement dans la durée des conjoints ou conjointes de femmes engagées dans ce parcours.

 

Recommandation n° 20

Mettre en place une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité avec un volet « travail », renforçant notamment le rôle de la médecine du travail dans la diffusion d’information sur la prévention de l’infertilité.

Recommandation n° 21

Rendre les parcours d’AMP plus efficaces en incitant les professionnels de santé à s’adapter à la vie professionnelle des femmes qu’ils suivent.

LA MENOPAUSE : DERNIER DES TABOUS FEMININS ?

Recommandation n° 22

Mieux informer, dans le milieu professionnel, les employeurs, les employés et les professionnels de santé sur la symptomatologie de la ménopause, et réfléchir à une adaptation des conditions de travail en conséquence.

Recommandation n° 23

Actualiser les recommandations de la Haute Autorité de Santé relatives aux traitements hormonaux de la ménopause

 


Accords
Sélection d’accords sur le congé menstruel

La négociation collective peut contribuer à mieux adapter le droit du travail aux pathologies mensuelles incapacitantes et notamment à l’endométriose.

Le congé menstruel peut être mis en place par accord collectif. Les premiers accords instaurant un congé menstruel en France datent de 2021. De nombreux accords sont visibles sur Légifrance. Voici quelques accords, que vous retrouverez sur le site dialogue-social.fr

Voici quelques exemples.

Les salariées du groupe Arcades bénéficient désormais du congé menstruel

Le congé menstruel fait partie des mesures adoptées le 31 mai 2023 dans un accord d’entreprise du groupe Arcades, conclu avec la direction et ses deux organisations syndicales : le Syndicat National de l’Enseignement Chrétien-CFTC et la Fédération de la Formation et de l’Enseignement Privés-CFDT.

Dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires, les parties se sont entendues sur plusieurs mesures concernant deux thèmes: l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail. Voici un tableau synthétisant les plus innovantes.

ACCORD D’ENTREPRISE DU 31 MAI 2023 PORTANT SUR L'ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE ET LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL

Favoriser l’égalité professionnelle 

  • Les parties conviennent de l’octroi d’un congé menstruel

Sur présentation d’un certificat médical valable 1 an (à renouveler), un congé menstruel d’un jour par mois avec maintien de salaire est octroyé aux salariées de l’OGEC.

Le télétravail doit être favorisé mais c’est la salariée qui fera le choix de télétravailler ou non en fonction de son état de santé. 

  • L’ajout d’un jour supplémentaire de congé pour enfant malade sans incidence sur le salaire

Les parties décident de passer de 3 à 4 jours de congé pour enfant malade en maintenant le salaire à 100 %.

 

L'articulation entre la vie personnelle et la  vie professionnelle

  • Création d’une garderie pédagogique

La mise en place de cette garderie fait suite aux demandes des salariés de prendre en charge les frais de garde d’enfants. Elle permettra à un ou une apprenti(e) d’être embauché(e) pour assurer la garde des enfants des salariés. 

Cette initiative va dans le sens de l’entreprise, chargée de dispenser des formations d’animation pour les plus jeunes et d’accompagnement éducatif petite enfance. 

 

Qualité de vie au travail

  • Inclusion des trottinettes dans l’indemnité kilométrique vélo

Le groupe fait le choix d’une revalorisation de l’indemnité kilométrique vélo à 0.30 € du kilomètre, étendue à l’utilisation des trottinettes et ce pour l’ensemble des salariés du Groupe. 

  • Adoption d’une charte de bonne conduite

Dès la signature de l’accord, une charte de bonne conduite sera diffusée à tous les salariés. 

  • Révision de l’accord sur le droit à la déconnexion

Les parties vont réviser l’accord sur le droit à la déconnexion pour inclure les « enseignants de droit public » dans les bénéficiaires.

 

Vous trouverez l’accord d’entreprise sur la qualité de vie au travail et l’égalité professionnelle du groupe ARCADES ci-dessous.

Accord d'entreprise portant sur l'égalité professionnelle et la qualité de vie au travail du groupe Arcades

Les collaboratrices de la société Sterimed bénéficient désormais de jours d'absences en cas d'endométriose

Le 28 novembre 2023, la société Sterimed et ses syndicats ont conclu un accord collectif s’intitulant « santé au féminin – jours d’absences autorisés en cas d’endométriose pour les collaboratrices de Stermid SAS ». Depuis le 1er décembre 2023, et ce pour une durée indéterminée, les femmes travaillant dans la société Sterimed peuvent donc bénéficier de jours d’absences si elles souffrent d’endométriose durant leurs jours de règles. Cet accord est conclu dans un souci de prise en compte des besoins spécifiques des salariées dans le monde du travail afin de favoriser leur épanouissement professionnel, mais aussi pour les sensibiliser à leur santé.

Voici, sous forme de tableau, comment s’organise un tel système.

 

ACCORD COLLECTIF : SANTÉ AU FEMININ – JOURS D’ABSENCES AUTORISÉS EN CAS D’ENDOMETRIOSE

Salariées concernés

L’accord s’applique à toutes les collaboratrices, sans aucune autre condition, dès lors que l’endométriose est constatée par un professionnel.

L’autorisation d’absence pour les  femmes souffrant d’endométriose

Les salariées concernées font leur demande auprès du service des Ressources Humaines en fournissant un justificatif de leur diagnostic.

Ce document n’est pas à renouveler chaque année : un seul certificat permettra de justifier toutes les absences de la collaboratrice.

Mise en œuvre de l’accord

L’accord prévoit douze jours d’absences par an, donc un jour par mois. Cette absence compte comme un jour de travail effectif et n’entraîne donc aucune conséquence sur la rémunération.

Reconnaissance de qualité de travailleur handicapé

Les parties à l’accord recommandent fortement la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, notamment en cas d’évolution des symptômes, et invitent les salariées concernées à solliciter les référents handicap pour leur demande. 

Vous trouverez ci-dessous l'accord collectif relatif aux jours d'absences autorisés en cas d'endométriose en intégralité.

Accord relatif aux jours d'absence autorisés en cas d'endométriose - Sterimed


Article
Publication d’un guide de l’ANACT pour les salariées souffrant d’endométriose

L’Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) a publié, le 7 mars 2024, trois outils pour faciliter le travail et le maintien en activité des femmes atteintes d’endométriose. Pathologie concernant environ 2,5 millions de femmes en France, les souffrances qu’elle engendre peuvent entraîner une sortie d’emploi, alors qu’il existe des mesures pour faciliter leur travail.

  • Une affiche de sensibilisation, que l’UNSA recommande d’imprimer et d’afficher dans les lieux de travail.
  • Un guide « endométriose et travail : comprendre et agir », pour repérer des leviers d’action en matière de management et de pratiques RH notamment.
  • Un quiz pour tester les connaissances sur la maladie et ses effets sur la vie professionnelle.

Le guide, à destination des entreprises, vise à adapter l’organisation du travail de ces femmes. Il peut être aussi utile pour les représentants du personnel afin d’engager des négociations éclairées. Les voici sous forme de tableau.

Guide pour les dirigeants et manageurs sur l’endométriose et le travail

Les impacts de l’endométriose sur le travail

  • Pour l’entreprise

Les absences régulières de la salariée peuvent créer une désorganisation ainsi qu’une surcharge de travail pour les équipes.

  • Pour la salariée

Le guide liste plusieurs impacts, dont la baisse de la capacité de concentration, des difficultés à effectuer certaines tâches ou à tenir des positions dans la durée (assis/débout, marche/position statique).

Il note également les absences fréquentes, la fatigue mais aussi le stress et l’irritabilité que cela engendre voire la dépression.

Pistes d’action pour le management de proximité

Le management de proximité joue un rôle déterminant pour assouplir l’organisation du travail afin de l’adapter à la salariée malade. Le guide préconise alors :

  • Un aménagement du poste pour limiter les déplacements, les charges lourdes et les positions pénibles
  • Un aménagement de l’activité nécessitant d’identifier les tâches qui accentue la douleur et la fatigue, et de les remplacer par de nouvelles activités compatibles avec l’état de santé de la salariée. Le guide encourage également à introduire des temps de récupération et adapter les objectifs et les délais à la salariée.
  • Un aménagement des horaires et du temps de travail pour permettre à la salariée de gérer la douleur en lui accordant des temps de pause plus longs, de décaler les horaires pour les rendez-vous médicaux ou encore de faciliter la possibilité de télétravailler.
  • En cas d’arrêt maladie longue durée, il est conseillé de proposer à la salariée un nouveau poste de travail ou un aménagement de poste.

Tous ces aménagements peuvent résulter de recommandations du médecin du travail.

Le guide alerte sur l’isolement et les tensions que peuvent provoquer de tels aménagements. C’est au management d’informer les équipes tout en préservant le secret sur la pathologie de la salariée, ainsi que d’organiser des réunions régulières, en présentiel ou en visioconférence ou encore d’instaurer un travail en binôme.

Pistes d’action pour la direction et les ressources humaines

Le guide souligne le rôle clé du service RH dans la réorganisation du travail. Il recommande aux TPME de solliciter le service de prévention et de santé au travail inter-entreprises pour les appuyer dans la mise en place de mesures : le guide recommande aux entreprises de mettre à disposition des bouillotes, des serviettes/tampons hygiéniques, des espaces de repos dédiés.

Le guide alerte sur l’impact financier dû à aux nombreuses absences des salariées, et note que la suppression des jours de carence ainsi que l’octroi de jours de congé avec maintien de salaire (1 à 2 jours/mois) sont des solutions.

Le service RH est apte à accompagner la salariée dans sa demande de reconnaissance de sa qualité de travailleur handicapé (RQTH), qui lui permettra de bénéficier d’aménagement des horaires, du poste de travail.

Il assure également un rôle de soutien au management : le guide souligne que le service RH peut inciter les manageurs à faire remonter des propositions d’amélioration de l’organisation du travail et de les permettre de bénéficier de formations.

 

Vous trouverez, sur le site dialogue social, le guide de l’ANACT sur l’endométriose et le travail en intégralité :

Guide ANACT sur l'endométriose et le travail


Article
Ménopause, travail et droit au Royaume-Uni | Pascale Lorber, Leicester Law School, Université de Leicester, Royaume-Uni

La ménopause n’est plus un sujet tabou au Royaume-Uni. Elle fait l’objet de beaucoup de débats et de campagnes d’informations pour la santé des femmes. Cela s’effectue par l’intermédiaire de documentaires télévisés, par la création de nouveaux magazines, de livres médicaux ou écrits par des journalistes. Le but est d’expliquer les nombreux symptômes de la ménopause (physiques comme les bouffées de chaleur et le manque de sommeil ou psychologiques comme les crises d’anxiété) ainsi que les traitements (remplacement d’hormones) et l’impact sur la vie ou la qualité de vie de celles qui en souffrent. La ménopause est un phénomène qui affecte les personnes dont le cycle de règles s’arrête (principalement les femmes). De façon généralisée, en moyenne, cette phase commence peu après 50 ans, mais les symptômes associés à la ménopause peuvent être présents avant l’arrêt total des règles, dans la période de préménopause qui peut toucher des femmes à partir de la quarantaine. La ménopause affecte les femmes de façon très différente mais peut être très handicapante pour une période plus ou moins longue, par exemple à cause de phases de dépression sévères ou de problèmes gynécologiques sérieux.

 

Quelle est l’étendue de la ménopause et quelles sont ses implications dans le domaine du travail ?

Au Royaume-Uni, des recherches récentes établissent que l’étendue de l’impact de la ménopause dans le monde du travail est significative. Premièrement, les femmes de plus de 50 ans représentent la partie de la main d’œuvre qui croit le plus vite. Deuxièmement, un rapport de la Commission des Femmes et de l’Egalite du Parlement britannique indique que les entreprises voient un nombre important de femmes, expérimentées et arrivant au top de leur profession, quitter leur emploi à cause de la ménopause. Cela s’explique par leurs symptômes qui affectent leur travail et/ou la qualité de vie et elles n’osent pas en parler à leurs supérieurs, ou on leur refuse des ajustements de travail suite à leurs symptômes. Finalement, dans une autre étude, 8 femmes sur 10 notent que leur employeur n’a aucune information sur la ménopause ou de formation pour les managers.

 

Quelles sont les ressources pour les employeurs et quel est le rôle du droit ?

Suite aux informations maintenant disponibles pour les femmes, soit par la profession médicale, ou les médias cités plus haut, le sujet de la ménopause est plus abordé sur les lieux de travail soit par les employés ou les employeurs. Pour aider les entreprises à avoir des politiques plus adaptées pour la santé de femmes, des guides sont désormais disponibles. Par exemple, l’organisme national pour l’égalité de traitement a récemment publié une série de conseils à ce sujet, cherchant à clarifier pour les employeurs quelles sont leurs obligations légales et à promouvoir des bonnes pratiques pour soutenir les employées qui sont affectées par les symptômes de ménopause (par exemple travailler dans des locaux plus aérés; ne pas compter certaines absences en tant que maladies si elles sont liées à ces symptômes).

 

Cependant, il n’existe pas de loi spécifique concernant la ménopause comme il y en a une pour la grossesse et la maternité. Lorsque des conflits surviennent dans l’entreprise à ce sujet, c’est l’ensemble des normes sur l’égalité qui entrent en jeu. Les décisions judiciaires à ce sujet révèlent que certaines femmes ont été licenciées, réprimandées ou harcelées pour incapacité (par exemple absences prolongées) ou pour une faute. Ces comportements ou absences sont alors expliqués par les symptômes de la ménopause (fatigue, dépression, anxiété ou perte de mémoire qui induisent des actions considérées comme faute). Le traitement subi par ces femmes est alors analysé par l’intermédiaire des mesures légales qui protègent l’égalité. Les employées invoquent le droit à l’égalité hommes-femmes : seules elles souffrent de la ménopause et des hommes ne seraient pas soumis à ces mesures. La discrimination basée sur l’âge est également utilisée puisqu’une femme plus jeune ne peut pas souffrir de la ménopause (bien qu’il y ait des exceptions). Enfin le droit à l’égalité pour les personnes handicapées peut être engagé si l’employée arrive à démontrer que ses symptômes de ménopause constituent un handicap et qu’elle a été traitée différemment à cause de ce handicap. Les juridictions britanniques de première instance et d’appel ont reconnu que la ménopause peut constituer un handicap et l’employeur a alors une obligation d’aménager le lieu ou les conditions de travail.

Cependant certains commentateurs, juridiques et politiques, se posent la question de savoir si un instrument spécialisé ne devrait pas être promulgué pour éviter certains obstacles techniques liés au droit de la discrimination (au niveau de la comparaison ou de la preuve par exemple) mais aussi d’un point de vue moral puisque la ménopause ne devrait pas être conçue comme un handicap mais une phase de la vie par laquelle passent la plupart des femmes. Ceci n’est cependant pas envisagé par le gouvernent actuel qui préfère des mesures souples comme la promotion de bonnes pratiques, plutôt que l’imposition de nouvelles lois.


Sélection bibliographique


Annonces

Colloque à Strasbourg « La diversification du droit de la non-discrimination au travail en Europe »

organisé par le Laboratoire Droit, religion, entreprise et société de l’Université de Strasbourg

Strasbourg, 25 juin 2024 – 9h-16h

 

Le colloque "La diversification du droit de la non-discrimination au travail en Europe" aura lieu le 25 juin 2024 dans la salle Weill (5ème étage) de la faculté de droit de Strasbourg.

L’Union a joué un rôle majeur dans la construction du droit de la non-discrimination. Elle en a fixé les contours et imposé aux Etats membres des mécanismes d’exécution aux fins d’en assurer l’effectivité. Il en résulte une forme de convergence normative entre les ordres juridiques nationaux. Cette matière, en permanente évolution, connaît toutefois une acception et une application différenciées selon chaque Etat. Nous prendrons spécialement comme exemple le droit du travail, domaine précurseur du droit de la non-discrimination. Cet exemple permettra également de mesurer l’extension du champ d’application du droit de la non-discrimination, sa diversification et sa cohérence interne. La réalisation du droit de l’Union dans les Etats membres dépend des cultures nationales. Elle varie selon l’existence ou non d’un cadre juridique préexistant. Si l’on peut constater une relative homogénéisation dans les législations nationales, certains droits internes restent encore réfractaires à l’égard de l’esprit du droit de l’Union de la non-discrimination ou à certains de ses mécanismes. A l’inverse, certains droits nationaux explorent de nouvelles pistes d’action, comme l’inclusion sociale. Des regards extérieurs à l’Union européenne viendront nourrir la réflexion.

  • Cette manifestation, labellisée par l'AFDT Grand-Est, est validée au titre de la formation continue des avocats.
  • Le nombre de place étant limité, vous êtes invités à vous inscrire préalablement (participation gratuite) à l'aide du lien suivant : sondagesv3.unistra.fr/index.php/447684
  • Contact : fru6703-contact@unistra.fr

 

Découvrir l’exposition « Les dessinateurs du peuple »

à l’Institut du travail de Strasbourg

 

 

L'Institut du travail de Strasbourg est très heureux d'accueillir dans ses murs l'exposition itinérante "Les dessinateurs du peuple. 50 ans de dessins dans la presse syndicale CFDT - CGT - CGT-FO".

Composée de 25 kakémonos, cette exposition retrace les conditions de production (politiques, économiques et sociales) des dessins dans la presse syndicale confédérale pendant 50 ans (de 1966 à 2016). Elle permet également de témoigner de l'évolution du syndicalisme et de ses combats sur cette période. C'est enfin une occasion unique de découvrir les reproductions de ces dessins, patrimoine incontestable de la culture ouvrière.

Cette exposition est tirée de l’ouvrage d’Henri Pinaud, Dessinateurs du peuple, 50 ans de dessins dans la presse syndicale CFDT, CGT, CGT-FO, (paru en 2019 aux éditions Livredart) qui est disponible à la bibliothèque de l'Institut. Elle existe grâce au travail d'Agnès Taillandier-Pinaud, qui a souhaité valoriser à travers cette exposition le travail de son époux, et de Guillaume Doizy qui a réalisé les panneaux.

Elle est à découvrir jusqu’au 27 septembre 2024, en accès libre, à l’Institut du travail de Strasbourg, 39 avenue de la Forêt Noire, aux horaires d'ouverture de la bibliothèque.

Contact : 03 68 85 83 21 | idt.unistra.fr