L’obtention d’un diplôme élevé n’empêche pas la discrimination sur l’origine à l’embauche

Égalité dans le travail
Non-discrimination

- Auteur(e) : Chela BINDA

Dans une étude publiée le 20 septembre 2023, la DARES partage le résultat des testings menés par Émilie ARNOULT entre 2019 et 2021 sur la question suivante : Le risque discriminatoire diminue-t-il avec le niveau de diplôme ?  

Suite aux tests réalisés par le biais de dépôt de CV de candidats d’origine supposée maghrébine et d’autres sans ascendance migratoire supposée, les résultats ont démontré trois choses : les discriminations liées à l’origine sont clairement marquées et ce notamment parmi les hommes, le lien entre niveau de diplôme et risque discriminatoire est ambigu, et enfin, que le risque de chômage est moins élevé parmi les non diplômés.

  • Les discriminations à l’origine sont marquées, plus particulièrement parmi les hommes

L’étude démontre tout d’abord que les discriminations fondées sur l’origine sont marquées : les candidats d’origine maghrébine ont 30 % de chance en moins d’être rappelés par les personnes sans ascendance migratoire suite à un processus de recrutement.

Elle souligne ensuite que les différences de traitement entre les candidatures d’origine supposée maghrébine et celles sans ascendance migratoire supposée sont de même ampleur parmi les femmes et les hommes.

Toutefois, il est relevé que le risque de chômage des hommes d’origine supposée maghrébine est 1,9 fois plus élevé que ceux sans ascendance migratoire. Tandis que le risque de chômage des femmes est légèrement plus bas (1,5 fois plus élevé).  

Elle démontre aussi que les hommes originaires du Maghreb déclarent 2,8 fois plus souvent qu’un emploi leur a été injustement refusé que ceux sans ascendance migratoire. De plus, une différence est à noter entre les immigrés et leurs descendants : chez ces derniers, le taux de chômage et le risque de chômage est plus élevé.

Le constat est que plus d’hommes d’origine maghrébine ayant un diplôme élevé, déclarent avoir subi des discriminations dans la recherche d’un emploi, et ce 5,9 fois plus que des personnes sans ascendance migratoire. Pour les femmes, ce taux est de 2,9 fois plus que des personnes sans ascendance migratoire.

  • Le lien entre niveau de diplôme et risque discriminatoire est ambigu

Les résultats des testings montrent une difficile caractérisation de l’impact qu’a le niveau de diplôme et le risque de discrimination.

Les déclarations de situations discriminatoires dans la recherche d’emploi augmentent chez les personnes originaires du Maghreb selon le diplôme : 30% pour les candidats de niveau CAP à BAC, 34% pour les candidats avec un niveau supérieur. Tandis que pour les candidats sans ascendance migratoire, le risque de discrimination diminue lorsque le niveau est élevé : 17 % à niveau CAP à BAC et 14% pour les diplômes supérieurs.

Il est noté que les femmes d’origine maghrébine ont tendance à être recontactées plus de fois que les hommes de la même origine, toutefois elles sont moins retenues à la fin du processus de recrutement, et subissent des remarques discriminatoires lors d’entretiens d’embauche.

  • Un risque de chômage inexpliqué relativement moins élevé parmi les non diplômés

L’étude rappelle que sans prendre en compte l’origine, le taux de chômage des personnes sans diplôme est déjà supérieur à celui des diplômés.

Les personnes ayant une origine supposée maghrébine sans et avec un diplôme supérieur, ont quand même un taux de chômage plus élevé que les personnes sans ascendance migratoire. Toutefois, le risque de chômage est plus grand lorsque les personnes sont sans diplôme et/ou qu’elles ont moins de quatre ans d’expérience.

Pour les femmes, le niveau de chômage est plus élevé pour les métiers qualifiés. E.Arnoult souligne que « lorsqu’elles sont diplômées du supérieur, à profil donné, le taux de chômage des femmes originaires du Maghreb est 1,6 fois plus élevé que celui des femmes sans ascendance migratoire, contre 1,3 parmi les diplômées de CAP/BAC ».

La conclusion de l’étude est que le diplôme supérieur « réduit le risque discriminatoire sans le faire disparaître pour autant ».

Vous trouverez ci-après l'étude de la DARES dans son intégralité.