Les actifs français, moins adeptes du télétravail que leurs voisins européens

Organisation du travail

- Auteur(e) : Evdokia Maria Liakopoulou

Les Français télétravaillent moins que leurs voisins européens. Tel est le constat central d’une étude réalisée par l’Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et publiée le 4 janvier 2022. Menée auprès des actifs en poste des pays du « Big 5 » européen[1], ladite étude démontre un faible recours des Français au teletravail, assorti d’une inégalité d’accès selon la catégorie socioprofessionnelle et une propension pour le teletravail hybride.

  • Une accessibilité au télétravail réduite

Fortement accéléré depuis la crise sanitaire dans tous les pays européens représentés à l’étude, le recours au teletravail en France semble tracer un chemin moins glorieux. D’après les analystes de l’Ifop, « la révolution du télétravail en France ne concerne qu’une frange réduite de sa population active ». C’est ainsi que 29% des actifs français déclarent télétravailler au moins une fois par semaine, contre 51% des Allemands, 50% des Italiens, 42% des Britanniques et 36% des Espagnols. Et parmi les Français qui déclarent télétravailler, seuls 11% le pratiquent quatre à cinq jours et 14% deux à trois jours, à la différence de leurs homologues italiens qui sont 30% à le pratiquer quatre à cinq jours et 17% deux à trois jours.

  • Des inégalités d’accès au teletravail plus marquées selon la catégorie professionnelle

Si l’ensemble des pays de l’échantillon connaît des inégalités d’accès au teletravail selon la catégorie professionnelle, avec des catégories supérieures bénéficiant davantage de ce dispositif, « c’est en France que le clivage est le plus fort ». L’écart entre les catégories supérieures et populaires en France atteint les 39 points, alors qu’il n’est que de 8 points en Italie.

Pour les enquêteurs, ce fort clivage social observé en France engendrerait « une forme de résignation partagée par une partie des actifs qui aurait intégré le fait qu’elle y serait difficilement éligible ». Et pour cause : les actifs français disent ne vouloir télétravailler idéalement que 1,8 jour par semaine, contre 2,7 jours pour leurs homologues espagnols.   

  • Les jeunes français plus enclins au travail sur site

La France se démarque encore par une inversion de la tendance observée dans les autres pays de l’échantillon, suivant laquelle les jeunes actifs sont plus enclins à vouloir télétravailler au moins un jour par semaine par rapport à leurs aînés. Pour les enquêteurs, ce phénomène peut être lié à une multiplicité de facteurs, tant socio-professionnels que conjoncturels : l’ampleur des emplois précaires ou atypiques qui se prêtent peu au télétravail, ou même l’importance accordée par les jeunes français à la socialisation au travail.

Vous trouverez l’intégralité de l’étude sur :

www.jean-jaures.org/publication/pratiques-et-representations-associees-au-teletravail-en-europe/

 

[1]A la base d’une enquête réalisée du 21 au 27 septembre 2021 selon la méthode des quotas auprès d’actifs issus d’échantillons représentatifs de 1011 Allemands, 1002 Français, 1004 Britanniques, 1008 Espagnols et 1007 Italiens.