La mobilisation du Compte Personnel de Formation en 2018 - Analyse de la DARES

Gestion de l'emploi

- Auteur(e) : Sara Klack

Le 19 février 2020, la DARES a publié les résultats de son étude[1] sur le Compte Personnel de Formation (CPF) en 2018.

 

Rappel sur le CPF :

Le compte personnel de formation a été créé lors de la réforme de la formation professionnelle par la loi du 5 mars 2014 et est entré en vigueur au 1er janvier 2015. Depuis le 1er janvier 2017 (loi du 8 août 2016), il est intégré au compte personnel d’activité. Son objectif est d’« offrir un droit à la formation attaché à la personne et mobilisable tout au long de sa vie ».

Le compte est ouvert à toute personne de 16 ans ou plus jusqu’à son départ à la retraite, indépendamment de son statut. A l’origine, il concernait uniquement les salariés du secteur privé et les personnes en recherche d’emploi mais il s’est étendu en 2017 aux agents publics et agents de chambres consulaires, et en 2018 aux travailleurs non-salariés.

Depuis le 1er janvier 2019, les formations sont éligibles si elles délivrent des compétences professionnelles sanctionnées par une certification professionnelle du répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Auparavant, jusqu'au 31 décembre 2018, les formations éligibles étaient recensées sur différentes listes établies par les partenaires sociaux.

Chaque année les salariés acquièrent 24 heures de formation ; et lorsque la durée de formation est supérieure à ces heures disponibles, les Opca ou les employeurs pour les salariés du privé peuvent offrir des financements complémentaires.

 

Recours au CPF par les salariés du privé :

  •       Tendance générale de 2015 à 2018 : 900 000 formations suivies dans le cadre du CPF.

A son entrée en vigueur en 2015, seulement 53 000 dossiers de formation avaient été acceptés au titre du CPF pour les salariés. Une très nette hausse est observée en 2016 puisque 190 000 entrées en formation ont été recensées.

En 2017, ce chiffre est passé à 272 000, pour atteindre les 383 000 dossiers en 2018 (soit 7 fois plus qu’en 2015).

 

En 2018, le taux de recours au CPF chez les salariés du privé est de 1,7% (1,6% d’hommes contre 1,8% de femmes). Chez les demandeurs d’emploi, le nombre de formations s’est stabilisé avec un taux de recours de 2,1%.

  •        Des bénéficiaires de formations via le CPF de plus en plus qualifiés et d’âge moyen :

Les cadres et les professions intellectuelles supérieures recourent au CPF plus fréquemment que les autres catégories socioprofessionnelles :

En 2018 :

-1,0% pour les ouvriers (ce qui représente néanmoins une amélioration par rapport aux 0,6% en 2016) ;

-2,3% pour les employés (nette amélioration également si l’on compare aux 0,9% en 2016).

-1,1% pour les professions intermédiaires (contre 0,5% en 2016) ;

-2,7% pour les cadres et professions intellectuelles supérieures (contre 1,3% en 2016).

 

Plus de la moitié des salariés du privé ayant mobilisé leur CPF en 2018 sont diplômés du supérieur, soit 57%.

De plus, il faut remarquer que le taux de recours au CPF est le plus élevé pour les salariés âgés de 25 à 44 ans : 2,2%. Les salariés âgés de moins de 25 ans sont ceux qui ont le moins recours au CPF, même si depuis 2016 le taux a augmenté de 0,4% à 0,8%.

  •        Les formations permettant aux salariés d’être immédiatement opérationnels sont les plus suivies : 87,2% des formations suivies en 2018.

Concernant les domaines les plus prisés en 2018 :

-38,8% des salariés du privé débutent une formation dans le domaine des langues vivantes, civilisations étrangères et régionales. Dans plus de 85% des cas, il s’agit d’une préparation aux tests de langues BULATS ou TOEIC.

-le domaine de l’informatique est le deuxième plus prisé, mobilisant 12,2% des salariés utilisant leur CPF. 66,4% d’entre eux préparent la certification informatique TOSA et 14,5% la certification PCIE.

-le domaine des transports, manutention, magasinage représente une proportion quasiment égale, mobilisant 11,7% des salariés du privé. 25,9% des formations dans ce domaine préparent au certificat d’aptitude à la conduite en sécurité et 23,3% concernent le permis B.

 

  •       Les formations sont de plus en plus courtes :

78,5% des formations durent moins de 100 heures en 2018.

La durée des formations suivies dans le cadre du CPF a baissé, partiellement en raison de la légère réduction des cofinancements par les Opca pour les formations dépassant les heures inscrites sur les CPF des salariés.

Ainsi, cette durée de formation est passée de 117 heures en moyenne en 2015 à 88 heures en 2018.

Les domaines concernés par les formations courtes de moins de 100 heures sont principalement les langues (41,3%) et l’informatique (14,2%).

Etant donné que la part des formations courtes est en hausse, les salariés du privé consomment moins d’heures au titre de leur CPF : 48 heures consommées en 2018, contre près de 51 heures en 2015.

 

  •        Plus de 6 formations sur 10 sont financées grâce aux heures disponibles du le CPF.

Pour les formations nécessitant un financement complémentaire, l’Opca reste le financeur privilégié et participe à hauteur 55,1% en 2018.

Il est à noter que les salariés du privé participent de plus en plus au financement de leur formation : de 8,3% en 2015 à 13,6% en 2018. Une formation sur dix est financée entièrement par le salarié, une fois les heures inscrites déduites en 2018.

 

  •         Focus sur les demandeurs d’emploi :

Ils représentent 149 000 entrées formations en 2018 (ils étaient déjà 143 000 en 2017). 2,1% ont mobilisé leur CPF par l’intermédiaire de Pôle Emploi. La plupart des formations qu’ils suivent sont dans les domaines des transports, généralistes ou en gestion ; et plus de 7 formations sur 10 financées nécessitent un ou plusieurs abondements.

 

Vous retrouverez ci-dessous le document « Dares Résultats 2020-009 – Le compte personnel de formation en 2018 ».

 

 

 

 

[1] La Dares effectue son suivi statistique depuis 2015 à partir du service dématérialisé « système d’information du CPF » (SI-CPF) de la Caisse des dépôts et consignations. L’unité de comptage utilisée dans cette étude est le bénéficiaire et non l’individu : une personne effectuant plusieurs formations dans l’année est comptée plusieurs fois.